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Juan et Alexandre Farnèse, ce dernier surtout, se montrent sous un jour favorable. Il en est de même du comte de Berlaimont, gou- verneur de Xamur, et du sire d'Yve, châtelain de cette ville. On ne saurait en dire autant de Jean de Croy, gouverneur de Xamur avant Berlaimont, qui, malgré l'autorisation donnée par Don Juan de relâcher le sire de Ruart, lequel avait été échangé contre des pri- sonniers, déjà mis en liberté par le parti des Etats, garda arbitrai- rement ledit sire de Ruart, pendant six mois, et ne sut trouver, plus tard, la moindre excuse pour légitimer sa conduite. Il fut ainsi la cause de bien des larmes; car, du côté des Etats, le prince d'Orange, entre autres, eut des défiances bien compréhensibles, qui vinrent retarder le résultat des négociations, pour M. de Treslong, et le firent détenir plus rigoureusement. Enfin, tout le monde fut relâché, et l'histoire du dévouement féminin compta ainsi quelques belles pages en plus dans notre histoire nationale.

Entre la mort de Requesens (5 mars 1576) et l'arrivée de Don Juan aux Pays-Bas, huit mois s'étaient écoulés ; mais que d'événe- ments ! La consulte, ou conseil d'Etat, prenant les rênes du gouver- nement avec la ratification du roi — le coup d'Etat dont le seigneur de Glymes s'était fait l'exécuteur, et qui remettait l'administration du pays aux Etats généraux — les pillages des troupes espagnoles et leur mise hors la loi — la pacification de Gand — le rapproche- ment avec les provinces du nord qui, depuis la prise de la Brielle, luttaient pour l'indépendance, — la Furie espagnole à Anvers, — enfin, la venue du jeune gouverneur au moment où, sauf dans le Luxembourg, personne ne lui reconnaissait une autorité réelle.

Don Juan, le frère naturel de Philippe II, déjà célèbre par sa victoire sur les Turcs, à Lépante, malgré toute sa diligence, était arrivé huit jours trop tard pour empêcher le sac d'Anvers, mais assez à temps pour contrarier les projets du Taciturne. Ce fut de Marche-en-Famenne que, le 17 février 1577, il signa un traité qui accordait les demandes des Etats.

Le i"mai 1577, Don Juan fit son entrée à Bruxelles, au milieu de l'allégresse du peuple, qui croyait à une réconciliation. Mais, fatigué des embarras qu'on lui suscitait de toutes parts, le nouveau gouverneur résolut de s'y soustraire en se rendant maître de quel- que place forte, où sa personne serait en sécurité, et d'où il donne- rait ses ordres indiscutés. Le comte de Berlaimont l'aida dans son