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A la même catégorie d'œuvres il importe de rattacher les reta- bles de Ternant, dans le Nivernais, l'un représentant des épisodes de la vie de la sainte Vierge, l'autre des scènes de la Passion.

L'existence de ces sculptures se rattache intimement à l'histoire des seigneurs de cette localité.

Un seigneur de Ternant, Hugues, accompagna, en 1405, Philippe de Bourgogne à son entrée en la bonne ville de Nevers après la mort de Marguerite de Flandre, sa mère, qui le laissait héritier du Comté. Philippe de Ternant, fils de Hugues, passait pour un homme des plus beaux et des plus vaillants de son temps. Attaché, en qualité de chancelier, à la Cour si somptueuse du duc de Bour- gogne, il eut part à toutes les faveurs de ce prince. Aussi fit-il par- tie des vingt-quatre premiers chevaliers de la Toison d'or ; en 1429 il fut, en outre, admis au grand Conseil de l'ordre. A la bataille de Saint-Denys, Philippe de Ternant contribua au succès de la jour- née qui devait amener la reddition de Paris, et quand les Anglais, délaissés par les habitants, abandonnèrent définitivement la capitale de la France, le sire de Ternant reçut, en récompense de sa belle conduite, les fonctions de prévôt de Paris. Il rendit la justice pendant quelque temps au Châtelet, après quoi il fut élevé aux fonctions de gouverneur de Paris.

Eloigné des champs de bataille, il s'était plu à orner l'église qu'il avait construite d'un riche mobilier, dont faisaient partie deux retables qui sont parvenus jusqu'à nos jours en bon état de conser- vation. L'un représente la Passion, l'autre la mort de Notre-Dame et son Assomption. Contrairement à l'avis de M. Ernest Parent ', nous considérons le second comme le plus ancien des deux. Les groupes sculptés offrent des réminiscences nombreuses de la manière qui prévalut chez les artistes flamands et brabançons à la fin du xiv^ et dans les premières années du xv^ siècle, ainsi qu'on en a des exemples dans les retables de la Chartreuse, à Dijon. Les panneaux peints paraissent également se rattacher à la manière deBroederlam. Ce qui semble certain c'est qu'il est postérieur à l'année 1429, car le sire de Ternant y figure portant les insignes de la Toison d'or, lequel ordre fut fondé en l'année précitée. A défaut d'une repro-

avcc sculptures et peintures, œuvres d'un artiste bruxellois j par le comte Maurin de Nahiiys. Aiin. de l'Académie d'archéologie de Belgique, 3° sér., t. V, pp. 17-25. ^ Le château Je Tertiatit (Nièvre), historique et archéologique, etc. Paris, 1880.