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patine ces couleurs qui se sont identifiées en quelque sorte avec les reliefs. A cet égard, il n'existe pas d'exemple plus intéressant que le groupe du Musée d'antiquités de Bruxelles représentant la Descen- dance apostolique de sainte Anne.

Les ateliers de Bruxelles et d'Anvers ont employé des procédés identiques. Ils ont exécuté la dorure totale d'une figure, k l'excep- tion des carnations et des revers des vêtements, ces derniers étant le plus souvent peints en bleu. Sur les bords des draperies, on voit de longues inscriptions composées de lettres bleues et rouges conte- nant le texte de VAve maria, du Salve Regina, du Gloria patri. Plus souvent encore ces inscriptions constituent des suites de mots baroques qui ont lassé la patience et la sagacité de maints érudits. Parfois la décoration revêt un aspect plus délicat : l'enlumineur recouvre les ors d'une légère couche de couleur à la colle ; il dessine ensuite, sur ce fond, des motifs d'étoffe, de manière à simuler des orfrois ou des brocarts. Pour arriver à produire cet effet, l'artiste se borne à user du procédé du graffite ou grattage, en sorte que l'or reparaît dans toutes les parties mises à nu. Tel est le cas pour le retable d'Oplinter conservé au Musée de Bruxelles et qui, sous le rapport de la polychromie, peut être considéré comme un chef- d'œuvre d'habileté et de goût. On trouve encore, dans le Musée précité, une application moins importante de ce procédé dans deux petits anges qui accompagnent une statuette de la Vierge, travail bruxellois du début du xvr siècle, dont nous avons déjà parlé (voir

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Dans d'autres cas, le décorateur dessine à la pointe des motifs sur les surfaces encore recouvertes d'apprêt et, le travail terminé, il les recouvre d'or. Divers ateliers ont connu l'emploi du pail- lon. Ce procédé consiste à étendre une feuille d'argent sur le bois sculpté et à la recouvrir d'une couche de laque carminée ou d'une couleur bleue ou verte. Nous avons constaté l'emploi de ce procédé sur des statuettes isolées, sur le retable de Saluces appartenant à la ville de Bruxelles et sur celui qui est conservé dans le Musée annexé à la cathédrale de Strengnaes (Suède).

Certains ateliers bruxellois ont connu un mode de décor qui semble leur appartenir en propre. Ce procédé ingénieux consiste dans l'application de pâtes simulant un orfroi ou un brocart et qui s'enlèvent sur un fond d'or. Ce décor, qui produit des effets très