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certain que saint Éloi qui a converti les Suèves en aurait parlé. Aucune tradition que ces tertres auraient servi à cet usage ne sub- siste, du reste. Si cela était vrai, le christianisme ne les aurait pas respectés et les aurait anéantis. Saint Willebrord, qui ne se faisait pas faute de détruire les idoles, aurait certainement recommandé à ses successeurs de raser ces collines. Cependant il est arrivé quel- quefois, comme à Schore et à Wemeldinge, qu'on plaçât près de ces tertres un avis qu'il ne fallait pas les tenir pour sacrés.

Ces tertres, dit-on, sont trop petits, trop hauts et trop escarpés pour une population de quelque importance ; mais si cette popula- tion n'a consisté, comme il est probable, que dans les habitants d'une simple ferme, on ne comprend pas que des gens rudes et pauvres auraient élevé une si haute colline pour y placer leurs idoles, que d'ailleurs on n'a jamais trouvées dans ces élévations.

Tout ce qu'on a raconté de charbons et de cendres, de pavements en pierre, d'une déclivité vers le sud est de pure fantaisie. La ver- tèbre avec traces de feu trouvée dans Luyksberg ne signifie rien, et encore moins la pierre qui actuellement se trouve à la porte de l'église de Serooskerke, dans l'île deWalcheren, Cette pierre décrite et représentée par Rethaan Macaré (i""^ partie des « Archives de la Soc. zéland. des Sciences ») comme une pierre de sacrifice provient peut-être (mais ce n'est pas certain) du Luyksberg. Cepen- dant, si cela était même indubitable, on pourrait encore soutenir que cette pierre a été apportée à l'époque moderne sur le sommet du tertre pour être à l'abri de l'humidité, de même qu'à Klevers- kerke un grand caillou a été employé dans ce but, et à Gapinge plusieurs morceaux de meules. La pierre du Luyksberg n'a d'ail- leurs rien de particulier ; la fossette pour recueillir le sang n'existe qu'en imagination ; bref, cette pierre a probablement été le couvercle d'un cercueil en pierre ou le seuil d'une porte d'un château démoli. L'auteur ne croit pas plus à l'organisation d'un service de signaux ou de phares sur ces buttes.

XI IL Les tertres de la Zélande ont donc été des collines de refuse.

C'est l'avis général des campagnards et de presque tous les Zélandais, et cependant il existe des objections. La principale c'est que ces tertres sont trop petits, beaucoup plus petits que les