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II

Les quatre autres fils, Alexandre, Henry, Hugh et Freskin, tous des cadets sans ressources, émigrèrent dans le nord de l'Ecosse et suivirent la fortune de leur frère Brice, devenu évêque.

Ils s'établirent dans l'évéché de Moray et devinrent les pères des célèbres Dicglases of Moray , les Douglas du Xord, qui ne tardèrent pas à devenir, comme noblesse, une famille plus ancienne que les vrais Douglas, les Douglas du Sud.

Ainsi William, fils aîné d'Archenbald de Duglas, devrait être le troisième seigneur de Duglas (the third laird of Duglas) ; mais ses descendants n'acquirent le titre de laird que cent vingt-cinq ans après sa mort, époque à laquelle sa famille fut élevée au rang de pearagCy à la pairie.

Remarque intéressante, nous voyons ici, comme cela arrive encore de nos jours en Ecosse et en Angleterre, les cadets sans fortune, sans autres ressources que leur intelligence, leur énergie et leur courage, non seulement égaler l'aîné, mis en possession de toute la fortune paternelle, mais dépasser sa famille de plus d'un siècle en dignité et en noblesse ^

William, ayant hérité de toutes les terres de Duglas, était obligé, conformément au droit féodal écossais (encore en vigueur), de lais- ser prélever sur ces biens, a provision for the yoimger children of his father , une somme destinée à pourvoira l'entretien des autres enfants de son père. Cette somme fixe, que ces héritiers ont le droit . de toucher endéans l'année, se détermine en prenant pour base les revenus annuels de tous les immeubles, après déduction des charges qui les grèvent.

' Examinant le droit d'aînesse en Angleterre, au point de vue juridique, je constate que ce qui est fait pour nous étonner, dans l'application de ces lois de l)rimogéniture — toujours en vigueur — c'est l'absence de jalousie chez les cadets, leur parfaite et universelle résignation à un tel ordre de choses. Il semble, au contraire, que cette inégalité dans la loi constitue un stimulant l)uissant et est une des causes princii)ales de la prospérité des colonies britanni- ques. Les cadets désirent égaler les aînés (Le droit d'aînesse en Angleterre, Revue du Droit public et de la science publique, 1896, p. 457, Paris).

En France, écrit M. de Parieu (Principes de la science politique, 2° édit., p. 1 18), la concurrence, enfermée, pour ainsi dire, dans le champ clos fatal d'un territoire chéri, a perpétué les rivalités de famille, de classes, de partis. L'es- {'rit de division a déchiré les patrimoines, dispersé les foyers, scindé et armé réciproquement les opinions, brisé la hiérarchie et imprimé au sentiment tiational la direction démocratique (Voir également notre étude, Journal des Tribunaux, 1896, p. 465).