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chronisme est peu grave. On pouvait cependant réclamer de l'auteur d'une monographie spéciale, patiemment mûrie, plus de précision scientifique.

Une autre vérité qui s'impose, c'est que la pièce prototype appartient toujours à un Etat d'une puissance commerciale et finan- cière plus grande que la pièce imitée. Je dis : puissance commer- ciale, car l'étendue du territoire n'a rien à voir ici. Si donc nous trouvons au xiv^ siècle une monnaie bretonne et une monnaie flamande du même type, nous pouvons, en toute sécurité, affirmer que la première est une copie de la seconde.

Comme M. Arthur Engel et moi nous l'avons dit dans l'Intro- duction de notre Traité de mimisjnatiqiie du moyen âge, l'imitation peut avoir une origine loyale et une autre qui ne l'est pas. Lors- qu'une monnaie reçoit la faveur du commerce, il arrive qu'un État voisin de celui où elle a été créée en fasse fabriquer des copies, de ^Hmême t}^e, de même aloi et de même taille. Cette imitation peut I^Hètre la conséquence d'une convention tacite, comme elle peut être ^^fce résultat d'une convention diplomatique expresse. ^H Mais, il faut bien le dire, ces imitations loyales sont l'exception. I^^Xa règle, c'est la fraude. Un prince, dans le but d'augmenter ses revenus, fait fabriquer, au type d'une bonne monnaie, des pièces de titre affaibli et empoche le bénéfice de son véritable faux-mon- nayage.

L'intérêt que présente l'étude des imitations monétaires au point de vue de l'histoire du commerce au moyen âge est trop évident pour qu'il faille insister. Le nombre des imitations dont la monnaie d'un pays est l'objet est naturellement en relation directe avec l'importance de son trafic et l'extension de sa zone d'influence commerciale ; il peut donc résulter de l'étude de ces imitations des tableaux graphiques comparés donnant, pour le moyen âge, une image exacte du mouvement commercial de chacune de nos pro- vinces.

Ce travail d'ensemble serait long, trop aride aussi pour être publié dans un organe dont les lecteurs ne se recrutent pas exclu- sivement parmi les spécialistes de la numismatique. Je me bornerai donc à n'étudier que les principales monnaies de Flandre depuis Marguerite de Constantinople jusqu'à l'avènement de la maison de Bourgogne. Je me limiterai aussi aux pièces d'argent, les seules,