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Renier Chalon publie, dans ses Recherches sur les fnonnaies des comtes de Hainaut *, un mouton d'or à la légende LVD' RO' I' qu'il attribue naturellement à l'empereur Louis IV de Bavière. Cette attribution a reçu récemment l'approbation tacite de M. Alphonse Dewitte ^. Or, le mouton en question est imité de ceux que Jean le Bon, roi de France, fit frapper, pour la première fois, en 1354 3, et l'empereur Louis de Bavière mourut en 1347! L'impossibilité est flagrante; aussi, lorsque je m'en suis rapporté à l'exemplaire origi- nal de la pièce, conservé au Cabinet des médailles de la Biblio- thèque royale, n'ai-je éprouvé aucune surprise en constatant qu'au lieu de LVD' RO' I' elle portait les mots LVD' CO' F' légèrement défigurés par un tréjlage ^ et qu'au lieu de l'empereur Louis de Bavière nous avions tout bonnement affaire à Louis de Maie, comte de Flandre, contemporain, en effet, du roi Jean le Bon.

Dans sa Numismatique de la principauté de Liège ^, M. de Ches- tret publie myi gros de Hugues de Bar, évéque de Verdun (1352- 61), comme étant de Hugues de Chalon, évéque de Liège (1296-1301). Cette erreur aurait été évitée si l'auteur avait su que ce gros est copié àwgros blanc à la fleur de lis de Jean le Bon, roi de France (135 0-136 4), qui décidément porte malheur aux numis- mates belges !

Dans son Histoire monétaire des ducs de Brabant, M. Alphonse Dewitte dit ^ : « L'émission des deniers au cavalier armé a com- » mencé vers la fin du règne d'Henri L^ (i 190-1235) pour se con- » tinuer sous le règne d'Henri II (1235-48) ». Or le type de ces deniers fut copié par Guillaume P"", comte de Hollande (1203-23) ^. La création en Brabant est donc antérieure à 1223, ce qui nous reporte au milieu du règne d'Henri I^^ plutôt qu'à la fin. Ici l'ana-

1 PI. XII, 11092.

2 Supplément aux Recherches su?' les ino7inaies des comtes de Hainaut, de R. Chaloji, p. 24.

3 Saulcy^ Histoire monétaire de Jean le Bon, roi de France, p. 35.

  • On appelle tréjlage la double empreinte qui s'est produite sur un flan moné- ;

taire lorsque ce flan a changé de position entre les coins pendant les divers coups] de marteau. Le trèflage donne parfois lieu à des modifications très singulières du' type ou des légendes. — Cf. Exgel et R. Serrure, Traité de numismatique du\ moyen âge, t. i, p. lxxvi.

s PI. XI, fig.2I0.

6 P. 49.

^ Van der Chys, De mzmten der graven van Holland en Zeeland, pi. II, fig. 3 et 4.