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« altération superficielle provoquée pour les mêmes motifs, on ne « devrait pas l'observer sur des catégories d'objets dont l'usage en est « exclusif, tels que les instruments culinaires, les monnaies, les outils et « tout ce qui, par son peu de valeur ou la vulgarité de sa destination, « ne méritait pas cet honneur. Il pourrait s'y trouver de l'oxyde, mais « jamais de la patine. Or, il n'en est pas ainsi : les patines les plus belles « se rencontrent sur des patères ou casseroles, des cuillères, des stri- « giles, enfin sur des armes, des couteaux et des haches de l'époque « du bronze ».

« Si la patine décore parfois des objets qui ont toujours été sans « valeur, elle fait plus fréquemment défaut sur des œuvres admirables, « où on regrette de ne pas la voir, et qui proviennent d'écoles, peut- « être même d'ateliers, ayant produit des œuvres qui en sont recou- « vertes ».

« On a invoqué le goût de la polychromie pour attribuer aux anciens « l'invention de la patine ; mais tous les textes sont contraires à cette « hypothèse. Dès l'époque d'Homère on recherchait, dans le bronze, « l'éclat métallique, et on l'entretenait par des nettoyages fréquents; « \ Iliade est, sur ce point, très formelle. Plus tard on a fait de même l« pour les œuvres d'art ».

« On admettait bien la polychromie dans les œuvres de métal, '< mais on l'obtenait par la combinaison d'alliages de nuances diffé- '< rentes. Presque tout ce que Pline a écrit sur l'airain, au livre « XXXIII, se rapporte aux colorations qu'il pouvait prendre ».

« La patine présentant une série de couleurs nettement tranchées « et toute la gamme des nuances intermédiaires, il y aurait eu là une << ressource précieuse pour des artistes qui mariaient les marbres de <(. couleurs dans une même statue, rapportaient à leurs bronzes des << yeux d'argent, des lèvres et des seins de métal rouge et qui multi- v; pliaient les camées à plusieurs couches. On ne peut cependant citer •< aucun bronze où la diversité des patines ait servi à en mettre en •< valeur les différentes parties. On répondra peut-être que la polychro- mie du bronze caractérise les fontes d'une époque de décadence, •s et que le secret de la patine n'avait pas survécu à la grande période 'N de l'art grec, ainsi qu'on peut le déduire du texte de Plutarque. < Cet argument porterait si on ne pouvait citer aucune patine de

l'époque impériale, mais, tout au contraire, c'est dans la série des

ss bronzes impériaux que les numismates rencontrent les plus belles^