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tention du savant français, comme on le sait^ s'est surtout portée sur l'industrie de l'étain, pendant l'antiquité et le Moyen âge, jusqu'à l'aurore de la Renaissance.

C'est entre les années 1550 et 1650 que se placent les productions artistiques que M. H. Demiani s'applique avec beaucoup de talent à nous faire connaître. Personne n'était d'ailleurs mieux préparé que lui à s'acquitter de cette tâche délicate. M. Demiani possède, en effet, une collection considérable d'étains anciens. Cet ensemble — le plus nom- breux peut-être qui existe — il l'a étudié avec un zèle, une suite et une méthode irréprochables. Non content de tirer de ces matériaux des éléments d'étude, il a parcouru la plupart des Musées de l'Europe, pous- sant les investigations aussi loin qu'il lui était possible de le faire.

M. Demiani serait à même de nous donner une histoire générale de la poterie et de l'orfèvrerie d'étain, si je puis m'exprimer ainsi. Mais, pour le moment, il s'est borné à faire une dissertation approfondie sur François Briot, sur Gaspard Enderlein et sur les artistes qui se rattachent à ces deux maîtres. A cette occasion, M. Demiani a introduit, dans la langue de la curiosité, le vocable Edelzùm, qui a toutes les chances d'être adopté définitivement par ses compatriotes. Il range sous le mot d'Edel- zinn (edcl, noble ; zinii, étain) tous les travaux d'art pour les distinguer des poteries d'étain ordinaires ou d'usage fgebrauchzïnn).

Du moment que M. Demiani mettait en vedette les noms de Briot et d'Enderlein, il s'octroyait, par le fait même, la mission de réfuter maintes erreurs et de rejeter certaines attributions faites à la légère. L'âge d'or, s'il est permis d'employer cette expression à propos d'étain, la floraison, dirai-je plus justement, de l'industrie artistique de l'étain est comprise entre les années 1550 et 1650. C'est, en effet, à 1580 qu'il faut reporter l'établissement de Briot, à Montbéliard, et à 1663 la mort d'Enderlein. Le style et les compositions des maîtres précités se conser- vèrent presque sans variations pendant de longues années. Quant au classement par ateliers, il n'a pas été négligé par l'auteur. Mais qu'il s'agisse des prédécesseurs de ces deux artistes ou de leur suite, le clas- sement a toujours été subordonné à leur personnalité, et leur carrière reste dominée par le fameux plat de la Tempérance. Attribué tantôt à Enderlein, tantôt à Briot, ce travail a été restitué définitivement à ce dernier, depuis quelques années.

M. Demiani nous donne une bonne biographie de Briot, laquelle est tirée pour la grande part des ouvrages de Castan, de Chabouillet, de Tuetey, etc., etc. Il s'est évertué très heureusement à coordonner les éléments souvent contradictoires que renferment leurs publications. De cette manière nous sonunes en mesure de nous faire une idée très nette