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Passons au troisième atelier, celui de l'imprimeur^ à l'époque de la Renaissance.

N'est-ce pas une vieille estampe du xvi* siècle qui en a fourni l'idée? Tout est bien du temps des premiers maîtres en l'art naissant d'impri- mer la parole ou la pensée.

La chambre du prindeur est plafonnée et blanchie à la chaux^ son plafond est en charpente apparente aux poutres supportées par des modillons, son parquet est un damier de petits carreaux de terre cuite copié sur ceux d'ateliers de l'époque.

Fidèles restitutions d'outils bien connus sont aussi la presse en bois^ les casiers à caractères^ la table à composer, etc.

Quel abîme entre cet atelier primitif, témoin des premiers pas hési- tants de l'imprimerie^ et celui ultra-moderne du Petit Bleu, avec ses monolines, sa clicherie^ sa fonderie de rouleaux imp.imeurs et sa presse rotative^ qui donnait 18,000 exemplaires à l'heure !

Ici le travail enfiévré, vertigineux. Là, le tranquille labeur quotidien^ l'atelier presque silencieux, comparable à une cellule de moine.

L'imprimeur du xvi^ siècle était en même temps libraire^ la plupart du temps.

C'est ce qui explique la présence de ces vénérables bouquins in-folio^ in-octavo^ etc.^ qui garnissaient les planches de la boutique vers la rue.

Cette restitution d'un atelier d'imprimeur à l'époque de la Renais- sance eut pu être plus complète, plus réaliste, si la ville d'Anvers, pro- priétaire du Musée Plantin, eût consenti (comme cela lui a été demandé) à prêter gracieusement son concours aux organisateurs^ ainsi qu'elle l'avait, du reste^ fait pour l'Exposition de Paris^ en 1889. Mais Bruxelles !...

Tels qu'ils étaient cependant, ces trois ateliers donnaient bien à nos modernes artisans, en poterie, en ferronnerie et en imprimerie, une idée exacte, une impression profonde de ce qu'étaient aux temps lointains les ateliers de leurs confrères disparus.

C'était là le but principal de ces reconstitutions qui furent faites aux frais du Ministère de l'Industrie et du Travail.

Leur conception et leur installation étaient dues au Comité exécutif de la classe 18 de la section d'Economie sociale, composé de quatre membres de notre Société : MM. le C*^ E. Goblet d'Alviella, président ; Victor Tahon, B^" Alf. de Loë et Paul Saintenoy, membres, qui s'y dévouèrent avec une intelligence, un goût et une conscience dignes de tout éloge. Ajoutons que l'interprétation très bien rendue de ces trois ateliers fut faite par deux autres de nos membres, MM. E. Goyers, sculpteur, et Ch. Saintenoy, artiste-peintre.