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Le premier était Vofficina d'un potier à l'époque belgo-romaine^ II« siècle après Jésus-Christ.

Nous sommes dans la cour d'une villa dont le propriétaire^ un colon romain en Belgium ou un Belge romanisé^ occupe divers artisans autour de sa demeure^ comme c'était l'usage alors.

A droite^ le banc avec ses trois tours primitifs^ portant des vases à des périodes successives de fabrication.

A gauche^ le four antique avec son massif foyer et sa sole circulaire contenant une fournée prête pour la cuisson.

A côté^ la calotte en terre, percée de trous^ qui va recouvrir les vases à durcir par la flamme.

De-ci^ de-là^ des poteries variées de forme et de couleur, un monceau de terre plastique où l'artisan vient de laisser sa pelle, du bois pour le chauffage du four^ etc.

Les murs de cet atelier avaient été moulés et copiés^ comme tons, sur ceux de la belle villa belgo-romaine de Gerpinnes^ près Charleroy.

La colonne qui supportait l'appentis abritant le potier était la repro- duction minutieuse d'une des nombreuses colonnes exhumées en 1887 dans la riche villa du Perwez^ à Thuillies^ et dont plusieurs spécimens remarquables se voient au Musée archéologique de Charleroy.

Les tuiles de cet appentis ressemblaient^ à s'y méprendre^ aux tcgulac conservés dans les collections de notre Société.

L'ensemble avait vraiment l'aspect gallo-romain.

Le deuxième atelier reconstitué était celui d'un ferronnier à l'époque médiévale.

Nous voici dans une salle basse, obscure^ au sol en terre battue^ noir de charbon^ à large fenêtre surbaissée^ à demi-close par ses lourds volets horizontaux.

La forge^ en pierres à pein eéquarries^ est surmontée d'une hotte en briques portant^ selon la pieuse coutume de l'époque^ le patron du bon métier à^^ ferons, saint Éloy.

A côté^ le soufflet à contrepoids étale sa masse vieillote.

Fixée dans un tronc d'arbre est la pesante enclume qui, tant defois^ a résonné sous les coups cadencés du marteau.

Plus loin, l'établi; les étaux^ les tenailles^ les pinces^ les grosses et petites limeS; tout l'attirail enfin d'une de ces vieilles forges qui produi- sirent; au xiii^ siècle^ ces merveilles en fer forgé que nous avons peine à imiter de nos jours avec notre outillage perfectionné.

Curieux décor archaïque que cette forge enfumée^ dont l'inspiration^ très bien rendue, n'a pu sortir que de quelque manuscrit enluminé de la Bibliothèque de Bourgogne.