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je crois qu’il est en progrès même sur MM. Loewe et Gœllerich en Autriche, — à entamer par l’énergie vitale, par l’âme même de l’œuvre l’étude de l’œuvre, et non pas par le dénombrement de ses aspects extérieurs. L’étonnante étude préparatoire qu’il a publiée avec un luxe magnifique de ce monument symphonique, le plus discuté d’entre toutes ces symphonies discutées jusqu’au déchirement et à la mise en charpie, témoigne à toute page de cette préoccupation de montrer en fonction cette force tout intérieure qui ordonne le soi-disant chaos, soulève le flot et provoque l’éruption. Certainement si l’on peut lui contester d’avoir exactement suivi les indications de la partition imprimée — et il paraît qu’aux répétitions l’orchestre se révoltait — personne ne lui disputera l’honneur et la béatitude d’être à l’heure actuelle l’homme qui se soit le plus rapproché du cœur de Bruckner, d’être devenu le confident du génie et du saint, de s’être fait avec candeur et désintéressement le prêtre d’un culte nouveau[1].

william ritter.
  1. Le lendemain tous les journaux de Munich poussaient des clameurs, M. Rudolf Louis donnait le la. On ne discutait du reste pas, on injuriait. Et chose étrange, on parlait de M. Alfred Westarp dans les mêmes termes que de M. Bruckner vivant. Quelques jeunes écrivains allemands, qui jugent des choses comme nous, ont bien essayé, paraît-il, de se faire entendre… Mais le mot d’ordre était donné. Pas un journal, pas une revue n’a eu le courage d’accepter leur protestation. L’avenir jugera, l’avenir qui a toujours été comme le royaume des cieux, non à ceux qui ont la routine, mais à ceux qui ont la foi.