Page:Société des amis des sciences, de l’industrie et des arts de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1878, Tome 1.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
74
mémoires

fournir d’artillerie, vivres et gens, car il n’y a rien. Je ne le dy pas pour avoir la revenue, car ne vouldroie rien avoir d’Arnault de Salines, ne d’autre vostre serviteur, aine le veulx faire du mien pour tenir seurre la place et le pays, car ay delibéré d’amploier tout ce que j’ay en ce que verray estre à faire. Pleust à Dieu, sire, qu’il fust de vostre bonne grace vous servir de moy auprès de vostre personne, car n’avés homme de mon estat qui ait plus grant désir de vous loiaument servir, et encores me sans de ma personne pour le povoir faire.

Sire, je suis venu en ceste ville de Lyon avec maistre Jehan de Ventes[1] pour scavoir le fait de maistre Jaques de Canlais[2], et veu sa response faite ès mains du courrier, me semble que ledit Canlais estoit double et vouloit astre bien de toutes partz. Pour la souspeçon ledit de Canlais sera mené en la tour de Saincte-Columbe à Vienne, et la sera seue la vérité au long, et depuis se fera justice à Lyon selon le cas, ainsi que commandés. Aussi suis venu icy pour avoir des harnois, combien que j’en aie fait apporter de Millan, pour ce que j’ay plus de gens ; car je suis pour emploier tout quant que j’ay et ma personne et engager l’arme pour vous servir, et prie à Dieu que par sa grace vous doint bonne vie et longue et bonne puissance de résister à la voulenté de voz ennemis, et les punir selon justice, et accomplissement de voz très haulx et très nobles désirs.

Escript à Lyon, le XIIII jour de septembre. Le vostre très humble et très obéissant subget et serviteur, Pierre Gruel.

Au dos : Au roy, mon souverain seigneur. — Et d’une autre main : Me Pierre Gruel, du XIIII de septembre MCCCCLXV.

(Fonds Dupuy. — Bib. nat., t. 596, fol. 3.)



  1. Jean de Ventes, conseiller du roi, fréquemment employé à ses affaires.
  2. Jacques de Canlers, secrétaire du roi, contrôleur de son argenterie et soupçonné d’avoir correspondu avec ses ennemis. C’est Jean de Ventes qui le fit arrêter et instruisit son procès, ainsi que le prouve une lettre dudit de Ventes (Fonds Gaignières, Bibl. nat., vol. 375, fol. 4.).