Page:Société des amis des sciences, de l’industrie et des arts de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1878, Tome 1.djvu/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67
documents et notes sur le velay

Rodrigue en Forez. Ce passage a laissé dans l’histoire et la légende une trace bien curieuse. « Quelques mémoires du pays portent aussi, dit La Mure en son Histoire des ducs de Bourbon, édit. Chantelauze, t. II, pp. 147 et sq., qu’en ce temps-là un certain seigneur espagnol, nommé Roderiguo de Villandras, étant entré avec un faste impie dans l’église d’Aurec qui est sur l’extrémité du Velay, près de ce pays, et ayant sacrilégement attaché son cheval à l’image en relief de saint Pierre qui étoit sur l’autel, ce cheval devint si furieux que ledit de Villandras s’opiniatrant de le monter, il le transporta par force dans le fleuve de Loire ou il se noya. Et les paysans de Cornillon en Forez ayant péché et trouvé son corps auprès dudit lieu, et s’étant saisis du cheval qui s’étoit échappé, en signe et mémoire de cet événement qui fait voir la vengeance que Dieu tire des impies, ils attachèrent la hochette de cuivre doré du mors de bride de ce cheval à la porte de leur église, ainsi qu’on l’y voit encore aujourd’hui. » La Mure emprunta ce récit aux mémoires manuscrits d’Antoine Du Verdier, seigneur de Valprivas, qui, suivant une tradition conservée à Aurec, rattachait le fait à l’année 1422. Les mêmes mémoires d’Antoine Du Verdier semblent avoir inspiré le passage suivant d’un manuscrit du XVIIIe siècle : « La tradition d’Aurec apprend que certain capitaine, nommé Rodrigo de Villandraut, y vint, il y a environ 300 ans, pour piller ce lieu et l’église, dans laquelle étant entré avec sa troupe, il passa la bride de son cheval dans la main d’une statue de saint Pierre, qui était sur l’autel dédié à ce saint, et que dans ce moment, par punition divine, ce capitaine devint enragé et étant remonté sur son cheval qui fut aussi rendu furieux, ils allèrent se précipiter dans la Loire où ils se noyèrent. Son corps s’étant arrêté sur le territoire de Saint-Paul-en-Cornillon, il y fut inhumé, mais la grêle y étant tombée trois jours de suite après, le peuple jugea que ce cadavre leur attirait ce malheur, ce qui le porta à le déterrer et le rejeter dans la rivière ; joint à cela qu’on avait vu quantité de corbeaux sur sa sépulture dans le cimetière de Saint-Paul. Il fut fait alors audit Aurec, en mémoire de l’action et de la