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le phylloxera

le sulfure de carbone. Je ne vous parle pas ici des centaines d’insecticides brevetés s. g. d. g., je vous l’ai déjà dit, tout homme qui, dans les circonstances actuelles, garde secret le remède qu’il croit infaillible, est pour moi une dupe ou un fripon, et tous ceux qui s’abouchent avec lui sont des niais.

Vous avez vu par l’énoncé des trois substances que je conserve, que le soufre est leur base commune. Cette substance est en effet l’insecticide le plus énergique. On a de suite pensé à lui, mais il s’agissait de le combiner de manière à lui permettre d’atteindre son ennemi dans les racines les plus profondes. Associé avec la potasse, il se dissout, il est vrai, redonne à la vigne de la vigueur, tue les insectes à une certaine profondeur, lui permet de vivre, la fait fructifier parce qu’il favorise surtout le développement des radicelles de la couronne, mais ne remplit pas notre désidératum, tuer le phylloxera. Si nous n’avions mieux, nous chercherions à perfectionner son mode d’application, à le rendre plus soluble ; aujourd’hui, conservons-le comme un remplaçant au besoin, non comme l’acteur principal.

Les sulfo-carbonates alcalins, entre tous celui de potassium, ont un noble parrain. M. Dumas, de l’Institut, a, presque dès le début de l’invasion, préconisé ce moyen et présenté à l’Académie des sciences un mémoire à ce sujet.

Un homme de cette valeur ne pouvait se tromper. Le sulfo-carbonate de potassium est un puissant insecticide, et de plus, comme tous les sels de potasse, un reconstituant de la vigne. De nombreux essais, concluants lorsque les circonstances ont permis de les bien faire, sont venus à l’appui de la théorie. Malheureusement, deux conditions pratiques ont souvent entravé son application. Le sulfo-carbonate est cher, et dans les pays où la production viticole n’est pas très-abondante, son application dépasse le bénéfice possible. De plus, il est peu soluble, et pour obtenir qu’il pénètre à l’extrémité des racines, à une profondeur souvent considérable, il est nécessaire de le dissoudre dans une grande quantité d’eau, de 15 à 20 litres par cep. Or dans nos pays, comme dans beaucoup d’autres,

IIe série