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sont toujours jaunes, elles ne tiennent plus à la plante. Si vous arrachez un des ceps de ce point central, vous ne lui trouvez plus que de longues racines, à écorce fendillée et pourrie, complètement dépourvues de chevelu, sauf quelques rares brindilles que le terrible ennemi ne se donne même plus la peine de venir dévorer. Il s’est éloigné cherchant une pâture plus abondante, et c’est à peine si vous parvenez à découvrir, sur les racines, quelques rares sujets retardataires. Tout autour de cette portion complètement détruite, règne une ceinture qui constitue la seconde période ; puis plus loin encore, si loin que souvent on en est effrayé, s’établissent et se propagent, avec la rapidité vertigineuse que nous avons signalée, les colonies nouvelles qui forment la première période.

Avec l’attention que vous avez prêtée à ma description, je suis convaincu que vous en déduirez tous immédiatement un criterium, une base pour reconnaître au premier coup-d’œil l’envahissement d’une vigne par le fléau.

La marche est circulaire ; elle est progressive, d’où dérive nécessairement la forme en amphithéâtre, en cuvette si vous voulez, qui dénote la marche du fléau. Pour qui a vu cette portion de vigne malade, la forme à peu près régulière, la décroissance de coloration de ses feuilles du vert au jaune, en allant de la circonférence au centre, il est impossible de méconnaître à première vue, sur une vigne en végétation, l’envahissement du fléau, une tache de phylloxera. Si vous cherchez l’insecte, ce n’est pas au centre du mal que vous le trouverez abondamment. Cherchez-le loin, bien loin, car déjà il a émigré vers des racines plus plantureuses ; bien vite vous trouverez des nodosités des radicelles ; une loupe, si vos yeux ne sont pas exercés, vous y fera facilement découvrir ces petits êtres verdâtres, puis jaune serin, qui se trouvent habituellement par groupes, par familles entières, comme le puceron du rosier. En hiver, la recherche est plus difficile. Beaucoup d’insectes, qui dans nos pays surtout, n’ont pas su se prémunir contre les gelées d’automne en quittant les racines superficielles, périssent par le froid. Les hibernants qui en ga-