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pas été ainsi. Nous nous étions mis en rapport, autant que faire se pouvait, avec les autorités locales, et, au mois d’août dernier, M. le maire d’Aurec, canton de Saint-Didier-la-Séauve, nous prévint que les vignes de sa commune étaient malades et nous pria de venir les visiter.

Je constatai, à cette première visite, la présence du terrible insecte, et j’évaluai à deux hectares environ la surface envahie sur différents points. Des racines apportées avec toutes les précautions nécessaires furent examinées par la commission, et M. Moullade, pharmacien, nous permit, à l’aide de préparations pour le microscope, d’étudier toutes les phases de la transformation du phylloxera.

J’avisai immédiatement M. le Ministre de l’agriculture de ma triste découverte, et il me répondit que M. de Sainte-Marie, inspecteur général de l’agriculture de notre région, se transporterait sur les lieux pour vérifier l’invasion et s’entendre avec la commission sur les moyens de la combattre.

Je réunis alors mes collègues et leur soumis l’idée d’un voyage dans les régions déjà depuis longtemps envahies, afin de confirmer par des travaux pratiques nos études théoriques. Ces Messieurs me prièrent d’accepter cette mission toute de confiance.

Une excursion dans le Midi, contrée dévastée par le phylloxera, m’offrit malheureusement un vaste champ d’études : Montpellier, Nîmes, Marseille, Toulon, successivement visités par moi, me présentèrent le spectacle de la dévastation la plus cruelle, de la destruction la plus absolue des vastes vignobles qui faisaient autrefois la fortune et la gloire de ces riches contrées.

Je ne vous citerai qu’un seul exemple : M. Vialla, vice-président de la Société d’agriculture de Montpellier, possède à Saporta, près de la ville, un vignoble dont le produit moyen était de 1,800 muids, ou 12,600 hectolitres de vin : telle fut la récolte de 1873. En 1875, elle ne fut plus que de 4 à 5,000 hectolitres ; en 1877, elle fut de 46 hectolitres ; en 1878, la vendange des quelques vignes françaises, qui n’étaient pas tout-à-fait mortes, ne