nourrisson à sa propre mère. Cette manière d’opérer était une exploitation très-bien organisée et de nature à absorber une partie importante des finances départementales.
Après de longues discussions, l’assemblée ne se crut pas suffisamment éclairée pour prendre une décision ; elle approuva provisoirement les mesures proposées par M. le Préfet, se réservant de les juger d’après les résultats.
L’amélioration ne se fit pas attendre ; cent trente-trois demandes de remises d’enfants furent déposées entre les mains de l’administration. Les pétitionnaires craignaient de perdre les traces de leurs enfants ; plusieurs sollicitèrent des secours pour les aider à les élever.
Le Conseil général, dans sa séance du 30 août 1845, satisfait de l’épreuve, approuva complètement le système proposé en 1842 et engagea l’administration à rechercher les filles-mères et à faire conserver à celles-ci leurs enfants avec des secours, combinant toutefois cette obligation avec les devoirs qu’imposent l’humanité et certaines nécessités de l’état de notre société.
Les enfants avaient tout à gagner de ces nouvelles dispositions ; si elles ne leur assuraient pas le bien-être complet, elles avaient l’incomparable avantage de laisser l’enfant à sa mère et de le soustraire à de trop nombreuses causes de mortalité.
Il est constant qu’en 1844, alors que l’on commençait à expérimenter cette nouvelle assistance, la mortalité chez les enfants nourris par leur mère était de l sur 14,60, tandis que, pour les enfants confiés à des nourrices mercenaires, elle s’élevait à 1 sur 3.20[1].
Malgré ses mérites incontestables, cette organisation ne produisit pas tous les résultats qu’elle comporte ; diverses causes lui firent obstacle ; la principale fut l’exposition d’enfants étrangers au département qui vinrent ainsi dissimuler l’abaissement réel du nombre des enfants appartenant à la Haute-Loire. Tout
- ↑ La mortalité est aujourd’hui de 17 p. 0/0 pour les enfants secourus pendant les deux premières années de leur existence.