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statue de marguerite de valois

grande place. Le Miroir de l’âme pécheresse, par exemple, œuvre qui excita la fureur de Noël Beda, syndic de la Faculté de théologie, n’est qu’un commentaire de certains passages de l’Écriture-Sainte. D’autres œuvres, publiées successivement, sont empreintes des sentiments religieux les plus éclairés. Certaines productions sont d’un style différent : L’Histoire mythologique des satyres et des nymphes de Dyane, éditée plusieurs fois à Lyon, imite le genre d’Ovide.’

Mais le principal titre de gloire littéraire de Marguerite de Valois est l’Heptaméron (les sept étapes), recueil de nouvelles galantes, divisé par journées, dans la forme, mais moins libre, du Décaméron de Boccace. Peu d’ouvrages ont représenté une société, sous des traits plus fidèles. « Là, dit M. Nisard, commence l’histoire de la prose française. » Il y a dans cette œuvre des écrits qui ne sont pas des contes. Parmi les singulières anecdotes qui reflètent l’image des mœurs de l’époque, il en est une qui, quoique voilée, est toute personnelle à Marguerite et témoigne de son énergie et de sa chasteté. C’est la quatrième nouvelle de ce livre, sous le titre de « Téméraire entreprise d’un seigneur contre une princesse de Flandre, et honte qu’il en reçut. »

Ce coupable gentilhomme était l’amiral Bonnivet qui, ayant reçu François Ier dans un de ses châteaux, eut la hardiesse de s’introduire la nuit, par une trappe, dans la chambre de Marguerite ; mais celle-ci se défendit si bien unguibus et rostro que l’amiral fut obligé de s’enfuir, tout couvert d’égratignures, de morsures et de sang, ce qui le rendit la risée de toute la cour.

L’Heptaméron a été imprimé à Lyon en 1561, 1572 et 1578, ainsi qu’à Paris, à Amsterdam, à Berne, etc. Cette dernière édition, en trois volumes, avec gravures, a été payée dernièrement 219 fr. ; la bibliothèque de la ville de Lyon en possède un joli exemplaire.

Parmi les œuvres les plus rares qui concernent Marguerite, figure un livre imprimé à Londres, en vieil anglais, sous le titre de :