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son courage. Ses supplications pour obtenir la liberté du prisonnier, échouèrent auprès de l’inflexible Charles-Quint, dont elle fit néanmoins l’admiration, ainsi que de sa cour, par son éloquence, sa grâce, et son instruction exceptionnelle. Plusieurs langues, en effet, lui étaient familières, principalement l’espagnol, l’italien et l’anglais. Le grec, le latin, l’hébreu même ne lui étaient pas étrangers. Ce fut probablement après son retour en France, au moyen de relations intimes contractées en Espagne, qu’elle parvint à obtenir la délivrance du roi.

Le théâtre a souvent retenti du nom de cette princesse. Dans l’opéra de Jean de Paris, Boëldieu a chanté les dons précieux de la reine de Navarre, « cette merveille la plus rare qu’ait pu former la main des dieux ». Parmi les meilleures pièces de Scribe, dans les contes de la reine de Navarre ou la Revanche de Pavie, comédie en cinq actes, cet inépuisable auteur a retracé parfaitement les physionomies des principaux personnages de l’époque : François Ier, le roi chevaleresque, mais faible ; Henri d’Albret, son fidèle compagnon, futur époux de Marguerite ; Charles-Quint, ce monarque dissimulé, inexorable, mais qui finit par être vaincu ; Marguerite, cette fine fleur de la diplomatie qui, jointe à la reine et à l’épouse du premier ministre espagnol, avait prouvé que rien ne saurait résister à l’entente de trois femmes, unies dans un même sentiment : celui de la défense mutuelle.

En 1527, Marguerite, veuve de Charles d’Alençon, de ce lâche seigneur, cause de la perte de la bataille de Pavie et de la captivité du roi, épousa, en secondes noces, Henri d’Albret, roi de Navarre, alors souverain sans États. De cette union naquit une fille, la fameuse Jeanne d’Albret, protectrice de la sériciculture en France et mère d’Henri IV.

Il ne faut pas confondre cette première Marguerite de Valois avec son homonyme, la seconde Marguerite de Valois, fille d’Henri II et de Catherine de Médicis et épouse d’Henri IV. Cette deuxième Marguerite fut l’arrière belle-fille de la première, celle que son frère Charles IX appelait outrageusement « Mar-