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suite qu’une simple curiosité, tous ces styles d’architectures ont été si bien sondés qu’ils forment un tout sans disparate, plein de grandeur harmonieuse. L’intérieur est fort sobre de décorations ; instinctivement l’œil les cherche et ne trouve pour s’arrêter que les chapiteaux des colonnes engagées dans les piliers ; mais il s’y fixe bientôt, et, surpris, il poursuit son examen dans l’admiration ; c’est que quelques-uns de ces chapiteaux ne sont pas vulgaires et relèvent grand art.

Mérimée, qui était un connaisseur, fut tellement frappé du grand caractère et de la parfaite exécution de plusieurs d’entre eux, qu’il les croyait « dignes d’être moulés pour la collection de l’école des Beaux-arts ». Nous ne noterons pas, après lui, la noble attitude et les grandes et simples lignes de griffons qu’on voit sur quelques-uns de ces chapiteaux, la tranquille majesté des aigles aux ailes éployées qui garnissent les autres. En plein moyen âge, au XIe siècle, il y a donc eu un artiste qui connaissait les modèles de l’antique et qui savait donner à ses figures une telle tournure et leur imprimer un tel accent ? à la vérité, dans beaucoup d’autres chapiteaux, il se laisse aller aux formes hideuses, tourmentées et fantastiques de son temps ; mais les motifs dont nous parlons, sont trop calculés pour n’être que le produit d’un hasard heureux. Ils portent le cachet authentique du goût classique ; de plus, étant très élevés, et le champ qu’on peut prendre étant nul, leur demi-bosse a été établie sur une perspective aussi heureuse que savante.

On le voit, la solution de cette énigme est des plus intéressantes. Le sculpteur qui a modelé ces chapiteaux, l’architecte qui a dessiné ce beau vaisseau, ne doivent pas rester inconnus. Mais, alors même que cette inscription ne contiendrait pas les noms de ces artistes, il ne faudrait pas mieux en rechercher le sens. Peut-être renferme-t-elle une allusion à quelque légende populaire du moyen âge ? Ce chapiteau ne serait-il pas, par exemple, la traduction en pione d’un trait de la légende de saint Martial, l’évêque de Limoges, découverte, dans un vieux manuscrit de l’église de Saint-Martial, de l’ancien Paris,