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lettres de bourgeoisie

Médicis : « Messeigneurs les bourgeois de la dite ville, fort bien en ordre, faisaient pennader et bondir leur chevaulx parmy leur troupe »[1].

Ailleurs Médicis, vers 1544, dans une statistique des professions, compte au Puy « huict maisons de bourgeois de bonne ancienneté » qu’il a grand soin de distinguer des quatre à cinq cents gens d’église, des vingt cinq estudes environ d’advocats, canonistes et légistes, docteurs, etc., des soixante botiques de marchans drappiers, des quatre-vingts de notaires, des quarante de merciers, des quinze de médecins et appothicaires, des mille deux cents environ d’autres artisans de tous estats, sans compter les gens de justice, les maîtres des escoles, etc.[2].

On citerait, d’après nos chroniqueurs, bien des cérémonies publiques dans lesquelles l’ordre des préséances, lorsqu’il était observé, attribuait aux mêmes bourgeois une des places d’honneur. On le vit notamment en 1551 aux pompeuses obsèques d’Anne de Beaufort-Canillac, vicomtesse de Polignac, à l’occasion desquelles certains rangs avaient été réglés d’avance. Pour abréger, il suffira de citer les lignes suivantes du récit de Médicis : « Après venoient messeigneurs les six consuls… après venoit monsieur le cappitaine mage de la ville… après venoient messieurs les nobles et bourgeois ; après venoient messieurs les advocats, messieurs les marchands, notaires et autre nombre de gens de bon estat »[3].

  1. Médicis, De Podio, tome I, p. 341.
  2. Médicis, De Podio, t. II, p. 258.
  3. Idem, t. I, p. 444. — Ce passage de Médicis où les bourgeois semblent être assimilés aux nobles, comme peut-être dans la statistique de 1544, peut rappeler que ces nobles ou pseudo-nobles étaient d’origine bourgeoise ou roturière. On a vu précédemment ce qui a été dit de notre province, par M. Vissaguet, où « les bourgeois avaient toujours pu acquérir des terres nobles ». Notre savant confrère, M. Rocher, dans son Pouillé du diocèse du Puy, à propos de Saint-Pal-de-Murs (Tablettes hist. du Velay, tome VII, p. 306, etc., 1877), nous paraît aussi avoir profondément étudié et résolu cette question à l’aide des textes et particulièrement des ordonnances royales. Il faut observer néanmoins que cette sorte de noblesse était plus ou moins problématique. L’ordonnance de Blois, de 1579, est formelle ; elle déclare « que les roturiers et non-nobles, achetant tiers nobles, ne seront pour ce anoblis… de quelque revenu que soient les fiefs par eux acquis. »