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bertrand de chalancon

vitatis solemnitas, jejunabit. A communione quoque corporis et sanguinis Domini abstinebit septennio, nisi fuerit in mortis articulo constitutus. Si vero post tres quadragesimas predicto modo peractas ad Carthusiensem vel Cistercensiem ordinem transire legitime poterit et transierit, erit a supradicta pœnitentia excusatus. Ideoque fraternitati vestræ per apostolica scripta mandamus, quatenus eos ad agendam pœnitentiam suprascriptam monitione præmissa per censuram ecclesiasticam, appellatione remota, si necesse fuerit, compellatis. Datum apud Urbem veterem, IV Id. Jul. Pontif. nostri anno IV. (Annales ecclesiastici de Raynaldi, édition Theiner, Bar-le-Duc, 1870, t. XX, pp. 430 et 431.)


Cette bulle vraiment touchante respire la mansuétude ; elle témoigne de l’immense scandale produit dans le monde chrétien par un meurtre sacrilège, mais on voudrait y voir un peu plus de précision sur le vrai mobile de l’attentat. À coup sûr, Bertrand de Cares n’était point un malfaiteur vulgaire. Il s’était érigé en vengeur de sa caste. Son crime était avant tout politique. Le pape lui reproche, à lui vassal, d’avoir immolé son suzerain et il prescrit au coupable ainsi qu’à ses complices de remplir envers le siège du Puy les devoirs féodaux. Ce n’est point à un vil assassin qu’on interdit de ceindre dorénavant l’épée et qu’on ordonne d’aller reconquérir en Palestine le pardon de l’Église. Robert de Mehun était venu chez nous dans une heure sombre. Il avait à tenir tête, dans sa ville, à la commune naissante et à lutter contre les barons de la campagne. De ces deux ennemis, les barons étaient le plus à craindre. Ils étaient mieux armés, mieux disciplinés ; leurs rancunes portaient plus loin. Ils avaient vu l’un des leurs, un fils de noble race, apparenté avec toute la seigneurie vellave, contraint de céder sa mitre à un étranger, un inconnu, presque un intrus. L’oubli des injures n’est point le lot des aristocraties. Derrière Bertrand de Cares se cachaient évidemment de hautes influences locales et des personnalités considérables. Beaucoup d’épiscopats orageux de notre diocèse se sont inaugurés par ces conflits électoraux dont la violence déteignait sur l’existence entière du candidat préféré. Il y avait dans la violation ou le mépris du suffrage du