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mémoires

sur la guerre des Albigeois. Elle a été publiée par D. Vaissète dans les Preuves, col. 1-108 du troisième volume de la première édition.

Voici le passage relatif à Bertrand de Chalancon :


Et dementre que aquesta dita armada (le premier corps sous les ordres de Guy d’Auvergne et d’autres seigneurs ou prélats) tirava avant vers la d’eldit leguat, couma dit ès, a donc s’ès metuda una autra armada grande, tant que plus dessus, que aiso devers lo Pey, dont era cap et gouvernado lo evesque del dit Pey, laquelle armada venguet per sas journades ferir et frapar a Causada et al bord Sant Antony, dont lodit evesque aguet grand soma dargent de ranso, et que los laysesso ; so que fet, donc ne fouc fort blamat. Et ainsin que tout so dessus se fasia, qualque mauvais garso anet als que tenian lo castel de Villamur, dire que an effet touta l’armada venia vers els lor donner l’assaut et prendre, et qu’els avian deliberat de far d’els ainsin que avian feit de las aultres plasses, las quals avian mesas a fuoc et a sang, sans prendre persona rivente a marsé. De las quallas nouvelles losdits de Villamur agueren si grand paour et fraior, que entre els eran deliberats de laissar ladita plassa, et ly mettre le fuoc per tout, so que fouc fait. Et de fait un delus, à la neit, ainsin que la luna comensava de rajar, fouc metut lodit foc aldit castel et plassa de Villamur, que fuoc grand pietat et domage d’une tal plasse cremar et perdre ; car la dita armada non avia pas son ententa de anar al dit Villamur, car tiravan et passavan camy tant que poudian, par se ajustar an les autres armadas, per donnar secors et ajuda al dit leguat per prendre lodit Beziers[1]

(Traduction.)

Tandis que cette armée marchait pour se joindre à celle du légat, se formait vers le Puy une autre grande armée plus forte que la première, dont était chef et commandant l’évêque du Puy. Elle vint, après plusieurs marches, attaquer Causade

  1. Il est à peine besoin de faire remarquer combien cet idiome ressemble au patois que l’on parle encore en Velay. C’est que notre patois n’est autre chose en réalité que le pur roman, un peu défiguré par le phonétisme local.