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documents et notes sur le velay

pour tacher à capturer le sieur Mosle du lieu de Chambon, et ce en vertu de divers décretz, pour rébellions à justice et désobéissance aux ordres du roy, commises par ledit Mosle, en faveur des huguenotz dudit Chambon et des environs dont il s’est rendu le chef, ledit sieur curé nous auroit dit qu’il examineroit les moyens de cette capture, conjointement avec plusieurs personnes prudentes et affectionnées au service du roy et à la religion, pour en délibérer tous ensemble et qu’à notre retour de la foire dudit lieu de Rochepaulle il nous les communiqueroit amplement. Deux jours après, savoir le 22 dudit mois d’avril, nous susdit prévost avec nos susdits neuf archers, estant de retour au lieu de Tance de ladite foire, ledit sieur curé de Tance nous auroit dit que après avoir beaucoup considéré cette affaire avec diverses personnes sages comme il a esté dit, ils estimoient tous cette capture très faisable, attendu que ledit sieur Mosle logeoit dans une maison écartée dudit lieu de Chambon de plus de 500 pas où il estoit actuellement, que ladite maison n’estoit que très simplement bastie, comme celle des paysans, et très petite, et que ledit Mosle y demeurait ordinairement avec peu de monde, qu’il n’en sortoit point sans grande escorte, ainsy qu’il y avoit impossibilité de le prendre ailleurs, et qu’il y avoit une conjoncture très favorable qui se présentoit à présent, laquelle ne se trouveroit pas une autre fois, qui estoit que ledit Mosle estoit actuellement en grande brouillerie avec les huguenotz dudit Chambon et du voisinage, pour quelques raisons d’intérest et d’argent, que ledit Mosle avoit détourné à son profit, au préjudice desdits huguenotz, dont ils estoient très-mécontens, et que parceque nostre troupe de neuf archers estoit petite pour faire cette exécution, ledit sieur curé nous offroit onze fusilliers pour nous assister ; nousdit prévost ayant examiné et pesé lesdites raisons, notamment la dernière, qui nous faisoit espérer que lesdits huguenotz ne prendraient pas les armes, comme par le passé, en faveur dudit Mosle, croyant cette seule raison décisive, voyant qu’il s’agissoit en cette occasion du propre service du roy et de la religion catholique, appréhendant que les zélés huguenotz ne fissent promptement l’accommodement dudit Mosle avec leurs confrères, nous estimames devoir exposer nostre vie en cette rencontre, et ayant accepté le secours desdits onze fusilliers dudit sieur curé, lequel nous remit en mesme temps un décret de mondit seigneur l’intendant contre ledit Mosle, en date du 5 octobre 1678, nous nous préparames le reste de la nuit à aller prendre ledit Mosle dans ladite petite maison.

Le lendemain 23 dudit mois d’avril nous y arrivames de fort grand