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à chercher le dernier mot. Souvent les épreuves que nous croyons nouvelles, ne le sont pas réellement, ou elles ne sont nouvelles que par les circonstances, par les conditions, les proportions différentes, les milieux divers dans lesquels elles se produisent ; elles ont remué d’autres générations avant nous… De sévères leçons se dégagent des petits comme des grands événements dont les annales de province, bien mieux que les historiens de haut parage, conservent la mémoire. La rébellion du protestant Mosle, sur l’étroit théâtre du Chambon, est aussi instructive, dans son cadre restreint, que les guerres plus retentissantes des Cévennes. C’est la même moralité qui s’en échappe à l’adresse de tous les pouvoirs, quels qu’ils soient, républiques ou monarchies, et que résume ce vers du plus religieux des poètes de l’antiquité :

Discite justitiam moniti et non temnere divos !

Ce qui en pratique revient à dire que les gouvernements ont un devoir élémentaire : celui de se recueillir, de se contenir, de se modérer eux-mêmes, de se refuser les faciles triomphes de la force, de respecter Dieu dans le plus chétif citoyen et surtout de s’abstenir d’intervention violente dans le domaine sacré de la croyance religieuse[1].


L’an 1683 et le 20e jour du mois d’avril, nous Louis Lévesque, escuyer, sieur de La Rocque, prévost des mareschaux de la séneschaussée du Puy, estant au lieu de Tance, avec neuf archers de nostre compagnie, en dessein de nous rendre à une foire célèbre qui se tenoit au lieu de Rochepaulle, nous aurions esté rendre visite au sieur curé de Tance, pour lui communiquer un ordre de Monseigneur Daguesseau, intendant de la province de Languedoc, en date du 27e du mois de mars dernier, portant commandement à nous de consulter ledit sieur curé

  1. La politique néfaste de Louis XIV en matière religieuse n’a jamais été mieux stigmatisée et flétrie plus hautement que par M. le duc de Broglie, dans le livre auquel nous avons déjà fait plusieurs emprunts : Questions de religion et d’histoire, t. II, pp. 69 et suiv.