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gneurs, dont elles ont secoué le joug, y pratiquent par la corruption de secrètes intelligences. On conspire derrière les créneaux du château voisin contre la liberté communale ; dans l’enceinte de la ville on la trahit et on la déshonore. Aussi y a-t-il très-peu de ces chartes précieuses qui atteignent dans leur intégrité les années 1250 ou 1300. À cette époque, à la fin du XIIIe siècle, voici ce qu’est déjà advenue la situation du tiers état ; il a perdu, presque sans avoir eu le temps d’en jouir, ses franchises municipales[1]… »

La commune du Puy sortit à peu près intacte de cette épreuve : elle survécut à celle de Reims, dont la chute arriva en 1257, à celles de Vézelay et de Laon, qui s’effondrèrent l’une en 1155, l’autre en 1294. Le consulat anicien ne put jamais obtenir avant 1382 de conditions d’existence claires et bien définies : fondé au sein des tempêtes, il eut des commencements amers, difficiles, et se maintint à force de patience contre les mauvais vouloirs, les avanies, les continuelles attaques de l’évêque et du baronnage. Toléré plutôt que reconnu, contraint à déguiser son nom dans la charte de 1218 où il se cache sous cette périphrase de réforme de la paix… reformatio pacis…, tour à tour amoindri ou aboli, mais doué d’une vitalité indomptable, il guida son destin précaire à travers les écueils de toute sorte et put aborder le XVe siècle où ses droits furent enfin couverts par une prescription indiscutable. Si notre petite commune triompha après tout des obstacles semés sur sa route, tandis que les échevinages du Nord sombraient après les débuts les plus prospères, il est permis de trouver la raison de cette victoire dans les traditions municipales, que l’Aquitaine et surtout la province de Languedoc avaient reçues des Romains et dont elles avaient conservé la tradition fidèle. De plus, le consulat du Puy ne dépassa jamais son programme et se tint dans ses limites avec une rare prudence. Beaucoup de communes s’étaient perdues par leur esprit turbu-

  1. Questions de religion et d’histoire, t. I, pp. 35 et suiv.