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trône. La prétendue apostasie de notre évêque s’explique d’abord par sa noble intelligence et sa vision patriotique des vrais intérêts du pays ; elle s’explique surtout par deux ordres d’idées que nous nous promettons d’étudier plus tard et à notre aise dans un travail spécial. Ces deux ordres d’idées éclairent les Chroniques de Burel et donnent le mot de la volte-face de l’évêque ; on peut les résumer ainsi : 1o La Ligue, à l’origine exclusivement religieuse et aristocratique, inclina rapidement à la démagogie. Les tumultes de la rue et des carrefours, les séditions de la foule, la prédominance des nouvelles couches, apparaissent dans le récit de Burel et constituent à la fin le vrai nœud du drame. Il en fut ainsi dans les grands centres, surtout à Paris. La Ligue échappa vite aux mains du haut clergé et de la noblesse pour tomber en celles des moines mendiants et des tribuns populaires. Les évêques ne pouvaient pactiser avec ce radicalisme très-peu latent ; ils se mirent l’un après l’autre en dehors du conflit : homme de haute naissance, l’évêque du Puy dut battre aussi en retraite et se refuser à faire l’œuvre de la Révolution.

2o La Ligue eut le tort de dépasser la frontière et de s’allier à l’étranger. C’est alors que l’épiscopat, en majeure partie, rompit brusquement avec une cause qui faisait appel à l’Espagne et à Philippe II. Antoine de Sénectère répudia, pour sa part, toute connivence avec le parti des intransigeants et opéra dans son rôle public cette transformation qui mérite à sa haute mémoire les respects de la postérité.

Nous indiquons brièvement les lignes principales de la conduite de notre évêque ; nous y reviendrons bientôt et en détail. Les pièces que nous donnons se rattachent à la première phase de sa carrière.

Ce coup d’œil rétrospectif sur nos Annales est-il simplement caprice d’archéologie, fantaisie de curiosité pure ? Loin de là ; l’étude de l’histoire devient de plus en plus une nécessité sociale. Quoique nous en ayons, le passé nous obsède et nous domine. Nos esprits sont tellement hantés par les souvenirs et les