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la ligue en velay

à la recherche. L’exhumation de titres inédits et de pièces inconnues peut amener une vue plus nette, une appréciation plus exacte des événements qui se déroulèrent, de 1562 à 1596, dans nos montagnes. Sous ce rapport, les documents que nous offrons au public nous semblent avoir un certain prix.

La figure de Rochebonne ne se détache point assez vivement dans l’ouvrage de M. de Vinols : Pierre de Châteauneuf, seigneur de Rochebonne en Vivarais, capitaine de 50 hommes d’armes, exerça une grande influence sur les premières phases de la lutte. Nommé Sénéchal du Puy en 1568, il étendit beaucoup les attributions de sa charge et fit élever, aux alentours de Corneille, ces armatures de pierre, dont le temps a respecté jusqu’à nos jours les robustes assises. Sa lettre aux États du Vivarais en 1572 et son mémoire au maréchal de Damville de 1577 attestent sa vigilance et sa vigueur administratives. Les trois titres que nous devons à notre excellent ami et collaborateur, M. l’abbé Payrard, nous introduisent en pleine mêlée de la Ligue. La lettre du sénéchal de Chaste au roi Henri IV contient de curieux détails sur le siége d’Espaly et elle révèle la parfaite entente qu’avait le chef royaliste du caractère des hostilités et de leurs exigences stratégiques. La dépêche de Henri IV, du 11 décembre 1596, démontre la sourde résistance, en notre ville, des passions vaincues mais non éteintes et qui survivaient à la pacification universelle. Nous recommandons aux lecteurs les pièces qui concernent l’évêque de Sénectère.

Antoine de Sénectère est l’une des figures les plus hautes de notre histoire et c’est assurément le type le plus remarquable de la Ligue vellave. Ses contemporains ne l’ont point compris et le chroniqueur Burel n’exprime à son égard que haine et malédictions. Au premier aspect, le prélat semble versatile et inconstant. D’abord ligueur intrépide et presque farouche, il se calme peu à peu et devient le chef des Politiques, c’est-à-dire le représentant, en notre province, de ces idées de modération et de transaction que le chancelier de L’Hopital tenta vainement de faire prévaloir et qu’il était réservé à Henri IV de formuler sur le

Ire série, 1878.
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