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LA PRESSE DE L’ENSEIGNEMENT

tienne en haleine, en éveil, et nous empêche de somnoler parfois sur le mol oreiller de l’habitude. Et cela, Messieurs, me paraît surtout indispensable dans l’enseignement public. Je me fais une très haute idée de l’enseignement. J’estime qu’il est la fonction principale d’un pays républicain et démocratique (Applaudissements). Car, en définitive, il s’agit par lui de former ce qu’il y a de plus haut, de plus sacré au monde et d’assurer la prospérité matérielle et intellectuelle de la nation (Applaudissements).

Ces vingt dernières années ont été pour l’enseignement, une période de réformes fécondes. Mais n’allons pas croire que tout est terminé. Non, car il en est de l’enseignement comme de tout ce qui vit. La vie est un équilibre détruit incessamment et incessamment rétabli : il ne faut pas que ce qui doit être instable pour être vivant devienne un équilibre stable, car l’équilibre stable, c’est la mort (Applaudissements). Or, le rôle d’une association comme la vôtre, est précisément d’aider au progrès en empêchant de s’établir dans ce qui doit être vivant l’équilibre stable de l’habitude et de la tradition.

Mais une presse comme la vôtre a encore d’autres services à rendre. J’ai lu, avant de venir, l’excellent compte-rendu que votre président a présenté de votre œuvre au dernier congrès de la Ligue de l’Enseignement, à Rennes.

J’y ai trouvé une phrase inquiétante : « Au fur et à mesure que l’État et les bonnes volontés particulières et, individuelles, font de leur mieux pour l’éducation des enfants, les parents se reposent de plus en plus sur l’État et sur les bonnes volontés. » Et cependant, la République française n’est pas la République de Platon. C’est grave, Messieurs, c’est inquiétant. Il y a là un mal. Et je dis qu’une association comme la vôtre, une presse de l’enseignement peut réagir contre ce mal.

Malgré la multiplicité des journaux, malgré l’intérêt qui s’est attaché depuis vingt ans à toutes les questions d’enseignement, ce qui se fait dans l’enseignement n’est pas encore assez connu. Votre association, les journaux, les recueils dont elle est l’organe commun peuvent tout pour faire connaître aux parents, au public, ce qui se fait et ce qui se passe dans notre enseignement.

C’est un adage que « nul n’est censé ignorer la loi » et cependant, que de gens l’ignorent ! C’est un adage que tout père de famille doit savoir ce qui peut se faire pour l’éducation de ses enfants. Or, il y en a 90 pour cent qui ne le savent pas. Et beaucoup de bonnes choses qui sont faites dans l’enseignement pour répondre aux besoins matériels et moraux du pays demeurent ignorées des familles. Nous recommandons bien aux proviseurs des lycées et aux principaux de collèges de dire aux élèves tout ce qui concerne leurs futures études, de leur indiquer les voies ouvertes devant eux ; ils le font certainement, car partout les circulaires sont certainement exécutées avec une ponctualité administrative (Rires). Mais cela ne suffit pas. Il est indispensable que la presse fasse connaître à tous les faits nouveaux de l’enseignement, Un exemple me vient à l’esprit. Nous avons réalisé, il y a trois ans, une réforme importante, la réforme de la licence ès-sciences ; c’est à peine si cette réforme commence à être connue des familles. Or, elle est d’une importance considérable. Tranquillisez-vous, Messieurs, je ne vais pas vous l’exposer (Rires) ; mais ceux qui la connaissent peuvent nous rendre cette justice qu’il y a là quelque chose d’utile, non seulement pour la science, mais pour l’agriculture et pour l’industrie du pays. Eh bien, on en est encore, dans l’opi-