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L’EXTENSION UNIVERSITAIRE.

Mais c’est à Chicago qu’elle est le mieux organisée. Toute une section de l’Université de Chicago (fondée en 1892) lui est réservée. C’est une faculté, ayant des fonds et un personnel enseignant spéciaux.

Plusieurs États, Indiana, Illinois, Michigan, Wisconsin, Minnesota, Kansas, Californie, etc., offrent également des exemples d’extension universitaire remarquable. Elle se développe au Canada, en Australie, dans la colonie du Cap et aux Indes ; c’est ainsi qu’elle vient d’être inaugurée à l’Université de Madras.

D’Angleterre, le mouvement est passé dernièrement en Suède et en Norvège, où en 1893 et 1894 les Universités d’Upsal, de Christiania, de Lund et de Helsingfors ont ouvert des cours populaires.

Dans les pays de langue romane, on ne peut guère citer que les cours populaires de l’Université libre de Bruxelles (1893)[1].

M. Albrecht a cru devoir dire quelques mots des Hautes Écoles du Peuple sensiblement différentes, qui existent en Danemark. L’idée première de ces Écoles est due au poète et théologien L. Grundtvig (mort en 1872). C’est sur son conseil que le professeur Christian Flor, de l’Université de Kiel, fonda, en 1844, la première de ces écoles à Rocdding dans le nord du Schleswig. Après la guerre de 1864, elle fut transférée à Askov, où elle se trouve toujours et où elle continue à prospérer. De 1844 à 1894. 146 Écoles semblables ont été fondées en Danemark : 110.000 personnes en ont suivi les cours (proportion considérable pour une population de deux millions d’habitants).

Ce sont des fondations privées, constituées quelquefois en sociétés par actions, et subventionnées par l’État (qui donne aussi des bourses aux meilleurs élèves).

La plupart d’entre elles sont situées à la campagne et fréquentées par une population rurale. On compte en moyenne de 40 à 100 élèves par école ; ces élèves sont âgés de 18 à 30 ans (un tiers environ est du sexe féminin) et habitent l’école, vivant dans une intimité très grande avec les professeurs et leurs familles.

Le programme se rapproche de celui des écoles primaires supérieures en France, mais il fait une place beaucoup plus considérable à un enseignement professionnel très varié portant sur l’agriculture, l’horticulture, le métayage et la comptabilité.

Les professeurs sont souvent des instituteurs, sortis soit des Hautes Écoles, soit d’une École normale. Quelques-uns sont des pasteurs, des licenciés en théologie, des vétérinaires, des agriculteurs ou des horticulteurs. Ces écoles ont beaucoup contribué à la prospérité agricole du peuple danois.

L’Allemagne est depuis quelques années entrée dans le mouvement. En 1896, 18 professeurs de l’Université de Berlin soulevèrent pour la première fois devant le Sénat académique la question de l’Extension universitaire. Et c’est le 4er novembre 1897 seulement que les premiers cours populaires ont été inaugurés à Berlin.

Ce mouvement avait été toutefois préparé par des créations intéressantes. C’est ainsi que le Centralverein für das Wohl der arbeitenden Klassen (Société centrale pour le bien des classes ouvrières) fondé en 1844, poursuivait par des conférences diverses la tâche que lui désignait son nom.

  1. Assertion manifestement inexacte, si l’on veut se rappeler la place considérable que l’Extension a prise dans un certain nombre des Universités françaises. Sur l’Université : de Bruxelles cf. Revue internationale, tome XXV, p. 282. (N. de la Réd.)