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LES RÉPUBLICAINS ET L’ENSEIGNEMENT 1830-1848

LES RÉPUBLICAINS ET L’ENSEIGNEMENT SOUS LOUIS-PHILIPPE


Le parti républicain moderne s’est constitué sous Louis-Philippe ; c’est alors qu’il a exposé au grand jour ses doctrines et formulé son programme. L’éducation y tient une grande place ; dans leurs journaux, leurs revues, leurs livres, les républicains ont souvent agité les questions d’enseignement. Deux principes dominent leur pédagogie : l’un, c’est qu’il faut créer un enseignement primaire gratuit et obligatoire ; l’autre, c’est que l’enseignement à tous les degrés doit se proposer avant tout une fin morale et sociale.

Les républicains de 1830 avaient reçu l’éducation classique ; ils avaient appris dans l’Esprit des lois que la vertu est le principe du gouvernement démocratique ; ils connaissaient les plans d’éducation de Condorcet, de Le Pelletier. Ces diverses influences apparaissent dans leur théorie générale sur l’éducation. Elle fut présentée d’abord par les militants du parti, à l’époque de leur lutte la plus ardente contre la monarchie de juillet. La principale des associations républicaines, la société des Droits de l’homme, publia en 1833 des brochures destinées à faire connaître ses idées au grand public et surtout à former l’esprit de ses membres, qui les lisaient et les commentaient dans leurs réunions ; une de ces brochures est consacrée à l’éducation nationale[1]. L’éducation, dit-elle, a pour objet, non pas de supprimer les passions, mais de les utiliser en développant le sentiment social chez les enfants. « Qu’on les excite assez tôt à ne jamais regarder leur individu que par ses relations avec le corps de l’État, et à n’apercevoir, pour ainsi dire, leur propre existence que comme une partie de la sienne, et ils finiront par s’identifier en quelque sorte avec ce grand tout ; ils se sentiront membres de la patrie, et l’aimeront de ce sentiment exquis que l’homme isolé n’a que pour lui-même ». Ce résultat est d’une telle

  1. De l’éducation nationale (1833), in-8, (Cote de la Bib. nationale, Lb[illisible] 1850). Ces brochures, publiées au nom de la Société, sont anonymes.