lumière qu’ils semblent décisifs. Mais on risque toujours de mal juger quand on juge sur une phrase ; et c’est parce qu’il est trop court que l’examen devient affaire de mémoire. Imaginez qu’au lieu de dix ou cinq minutes le candidat soit interrogé vingt minutes ou une demi-heure sur chaque matière ; quel est l’examinateur consciencieux qui ne se fera pas fort de le juger en connaissance de cause ? et, cela revient au même, quel est le candidat qui pourra suffire à cette interrogation bienveillante mais serrée et prolongée, avec de la récitation pure ? Aujourd’hui, il faut expédier l’examen ; nous jetons deux ou trois coups de sonde ; le candidat pressé n’a pas le temps de réfléchir et de donner sa mesure. Il récite avec assurance et obtient une bonne note ; ou bien il ànonne, se reprend, répète ce que nous disons trop complaisamment, rencontre quelques expressions justes, sans rien comprendre du reste ; et nous-mêmes regardant l’heure, obligés d’en appeler un autre, nous le renvoyons en lui donnant par scrupule, par prudence une note moyenne. Voilà pourquoi les médiocrités passent et avec elles tant de non-valeurs. — Mais comment interroger plus d’une heure chaque candidat ? Ils sont trop, et nous sommes trop pressés ! — Ils seront toujours trop si nous sommes trop pressés ; et nous le serons toujours si nous ne comptons pas cette besogne dans notre métier. Si on pense qu’elle ne nous revient pas, il faut le prouver, et la confier à des hommes qui auront le temps et le devoir de la bien faire ; mais n’accusons pas le baccalauréat de ce qui tient au surmenage ou aux répugnances des professeurs de Facultés. Avant de le détruire, quand nous ne sommes pas d’accord pour Île remplacer, faisons l’essai loyal de ce qu’il peut donner.
Professeur-adjoint à l’Université de Lyon.