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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

Quant aux conservateurs, le décret du 1er juillet 1897 édicte qu’ils seront pris parmi les élèves diplômés de l’École de Chartes, ou les candidats dont un examen aura constaté l’aptitude. C’est une garantie de plus, et nous ne pouvons qu’applaudir à cette mesure.

Parlons enfin des bibliothèques de lycées. Les assemblées de professeurs, et les conseils académiques doivent attirer l’attention de l’administration centrale sur la situation précaire où elles se trouvent. Il n’est pas admissible que des crédits spéciaux ne soient pas affectés annuellement aux nouveaux achats[1] ; dans tous les lycées, un répétiteur devrait avoir dans ses attributions la garde de la bibliothèque. Et le ministère de l’instruction publique ne devrait pas marchander à nos lycées les périodiques, qui sont d’utilité générale, et servent à l’enseignement, avant de servir aux professeurs. Mais les réformes que je demande, ce n’est pas en professionnel que Je les souhaite ; d’autres diraient en égoïste. Pourquoi, à certains jours la bibliothèque ne serait-elle pas ouverte aux anciens élèves, par exemple, pour la lecture sur place ? La création d’un poste de répétiteur-bibliothécaire faciliterait l’innovation qui rendrait de grands services. Elle aurait certainement pour effet de ne pas laisser le lycée en dehors de la vie sociale, et elle attirerait à lui bien des hommes qui l’oublient trop souvent. On saurait que, dans l’Age mûr, on peut aller encore s’instruire dans l’établissement où l’on a été élevé. En un mot, le lycée doit devenir, dans toute ville, un centre intellectuel.

On le voit ; les desiderata sont nombreux, Les ressources personnelles seront toujours insuffisantes, il faut qu’un professeur trouve dans les dépôts publies ou officiels les matériaux qui, par leur nature, pourront être d’une utilité générale. Pour les travaux trop spéciaux, on ne saurait avoir cette exigence.

En tous cas, s’il n’est pas impossible de travailler en province, où l’on jouit de cette tranquillité et de ce calme si vantés et si nécessaires aux travaux intellectuels, le travail y est souvent rendu difficile et long, par suite de la pénurie des documents. Je fais appel aux souvenirs et à l’impartialité de mes collègues qui ont résidé ou résident encore dans une ville de province.

Jules Delvaille,
Professeur de Philosophie au Lycée d’Angoulême.
  1. Cette question a été mise à l’ordre du jour du troisième congrès des Professeurs de l’Enseignement secondaire, qui se tiendra en avril 1899.