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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

UNE NAISSANCE EN ORIENT

Faculté de Médecine catholique et française de Beyrouth.

Le projet d’une Faculté de médecine catholique et française à Beyrouth date de fin décembre 1881. À cette époque fonctionnait déjà dans cette ville, depuis une douzaine d’années, une Faculté américaine de médecine, américaine de nom, mais toute d’influence anglaise. Le nombre de ses étudiants était à peu près de 70, la plupart pensionnaires. En supputant ce nombre 70, on constatait avec tristesse que la plus grande partie, pour ne pas dire la presque totalité de ses unités avaient appartenu aux institutions d’instruction secondaire soutenues par les largesses de la France. La partie la plus intelligente et la plus active des jeunes gens élevés dans ces institutions entraient à la Faculté américaine, français de cœur, et après trois ans en sortaient anglais d’intérêts et de convictions ; dans les centres où ils allaient ensuite se fixer, leur titre de médecins leur donnait une autorité et un crédit qui étaient tout au détriment de l’influence française.

Pour enrayer ce mouvement des jeunes intelligences vers la faculté américaine, le moyen le plus sûr et le plus efficace semblait être d’opposer Faculté à Faculté. C’est étrange que dans cet Orient où le soleil est si ardent, il ne soit besoin que de peu de lumière pour éblouir. La Faculté américaine était loin d’être bien sérieuse comme enseignement médical, quoiqu’elle renfermât dans son sein des professeurs d’une réelle valeur ; les résultats n’étaient que médiocres ou si l’on veut d’une honnête médiocrité. Mais c’était un établissement où dormaient 70 médecins en formation ; et voilà ce qui paraissait si colossal et si merveilleux au publie. On disait tout bas à Beyrouth, mais des voix sonores disaient bien haut un peu partout « la France avec son or et ses missionnaires n’arrivera jamais à rien faire de semblable parmi nous ». Ailleurs ce n’eût été qu’une puérilité un peu agaçante et voilà tout ; mais pour ces populations orientales c’était un vrai défi que la France ne semblait pouvoir décliner sans se résigner à un rôle trop effacé pour rester digne d’elle. La France et le missionnaire acceptèrent donc le défi et vers fin décembre 1881, dans une entrevue entre le supérieur des Pères Jésuites français en Syrie et le chef du ministère, alors M. Gambetta, le projet d’une école de médecine à Beyrouth fut étudié et discuté. y a de l’inattendu dans le contrat de ces deux intelligences orientées certainement à l’opposé Pune de l’autre, l’une fixant le Nord