Page:Société de l’enseignement supérieur - Revue internationale de l’enseignement, volume 37, juin 1899.djvu/308

Cette page n’a pas encore été corrigée
302
REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

dite. On ne doit faire connaître les écrivains qu’à l’occasion de lectures faites en classe ou à la maison, d’abord dans des recueils de morceaux choisis ; et les sujets doivent être empruntés soit au domaine de la légende nationale (Niebelungen, Gudrun) soit aux chantres de la liberté ou à l’histoire de la civilisation allemande dans la mesure où elle s’accommode au caractère féminin. Puis dans la 1re  classe, on étudie spécialement Lessing, Schiller, Goethe et Uhland : on s’occupe aussi de Herder et de Klopstock, mais seulement dans la mesure où il est nécessaire de les connaître pour l’intelligence de Lessing et de Goethe. Le choix des auteurs, comme on le voit, porte sur des écrivains dont l’âme est essentiellement allemande ; le but poursuivi toujours et partout, c’est de développer le sentiment patriotique, l’amour de la langue, de la poésie et de la nation allemandes. Tout est subordonné à ce but ; l’anecdote suivante en fait foi. Un inspecteur (Schulrath) visite une école : « Mon enfant, demande-t-il à une élève, quel poète préférez-vous, Arndt ou Chaimisso ? — Arndt, répond l’élève. — Et pourquoi ? — Parce qu’il était vraiment allemand. » Et l’inspecteur ravi de reprendre : « Oui, c’était un vrai Allemand. » À la vérité, le programme comporte bien l’étude d’extraits, pris dans une bonne traduction métrique de l’Odyssée ; mais ce choix même nous montre encore le caractère spécial de l’enseignement d’une « höhere Töchterschule » ; il s’adresse uniquement à des jeunes filles et quel meilleur choix pouvait-on faire pour parler à leur âme que celui de cet antique poème où rayonnent les deux nobles figures de Nausicaa et de Pénélope !

Nous arrivons enfin à l’enseignement des langues vivantes et en particulier à celui du français. Le nombre d’heures qu’on lui consacre témoigne de son importance. C’est qu’on le considère comme un des mieux appropriés à l’éducation féminine. Nous nous rendrons mieux compte de cette conception, si nous nous demandons pourquoi l’on a exclu les langues anciennes du programme. À cette question, voici ce que répond le Dr Kalepky. (loc. cit.). « Pour la Jeunesse féminine, les langues modernes ont sur les anciennes des avantages essentiels. Elles sont moins difficiles à apprendre et cela est important parce que mème les jeunes filles moins bien douées que les autres doivent profiter des avantages procurés par un enseignement qui dépasse les connaissances élémentaires. Ensuite elles donnent aux élèves la Joie de les avoir plus tôt à leur disposition, et cela est important, parce que les écoles de jeunes filles gardent moins longtemps leurs élèves que les gymnases. En troisième lieu, les langues modernes développent les facultés des élèves sinon aussi loin et aussi profondément, du