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UNE HÖHERE TÖCHTERSCHULE À HANOVRE

vraiment scientifique : elle n’est en quelque manière qu’un enseignement civique par l’exemple ; et il est expressément recommandé aux maîtres de l’approprier à leur auditoire féminin en mettant en relief les hautes actions des femmes allemandes, les beaux traits de la vie des princesses et des reines. En dernière analyse, nous voyons toujours dominer dans cet enseignement l’esprit de Kant : « Il faut éviter, disait-il en parlant précisément de la méthode qui convient pour enseigner l’histoire aux jeunes filles, un enseignement froid et spéculatif, il faut toujours chercher à faire naître des sensations. »

La partie du programme qui concerne les mathématiques est réduite à un minimum ; elle présente un caractère éminemment pratique ; son but, c’est de donner aux jeunes filles les connaissances suffisantes pour les besoins de chaque jour et pour l’administration du ménage. Cet enseignement comporte les quatre opérations, les fractions, les proportions, les règles de trois, les règles d’intérêt, de mélange, de partage ; les applications doivent être avant tout des problèmes usuels, pouvant se présenter dans le commerce et dans les assurances sur le travail. On y ajoute des éléments de comptabilité, billets à ordre, lettres de change, monnaies, factures, comptes-courants, calculs des intérêts composés, des rentes, amortissement, assurances sur la vie. Le calcul algébrique, même dans ses principes, est exclu du programme. La géométrie pratique est seule enseignée. Le décret ministériel insiste sur ce point et recommande expressément de choisir des problèmes, qui se présentent dans la réalité, d’éviter ceux qui impliquent des nombres d’une grandeur invraisemblable et de leur donner toujours la forme sous laquelle on les rencontre dans la pratique journalière.

En ce qui concerne l’enseignement de la langue maternelle, nous sommes surtout étonnés, nous autres Français, du peu importance que l’on accorde en Allemagne à l’histoire littéraire. Jusqu’à ces derniers temps, il semble que chez nous la partie essentielle du cours de langue française, c’était l’histoire de la littérature : on passait en revue devant les élèves les grands noms de notre littérature ; on portait sur chacun d’eux un jugement que les élèves recueillaient précieusement : elles possédaient ainsi des idées toutes faites sur nos grands auteurs, et elles se croyaient la plupart du temps dispensées de les lire : car elles acquéraient ainsi un vernis d’érudition qui leur permettait de faire bonne figure dans les milieux intellectuels. Il n’en va pas de même dans les « höheren Töchterschulen ». Les maîtres allemands ne doivent à aucun titre enseigner l’histoire de la littérature pour elle-même ; une exposition d’ensemble du développement de la poésie, même au xviiiie et au xixe siècle, est inter-