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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

Si le thème a été introduit aussi tardivement dans l’enseignement du chinois, ce n’est point toutefois faute de grammaires exposant les règles de la langue littéraire on en trouve dès le XVIIe siècle[1], le XVIIIe en a laissé une excellente[2], enfin il est superflu de rappeler des ouvrages aussi célèbres que ceux d’Abel Rémusat, de Stanislas Julien[3] ; il faut noter que l’œuvre du P. Gonçalves[4], connue récemment surtout par le recueil de dialogues qu’elle renferme, comprend aussi entre autres sections une grammaire et une syntaxe et que, de même, le Cursus litteraturœ sinicœ du P. Zottoli[5] ne néglige pas l’étude de la grammaire, ou plus exactement des particules. De ces traités grammaticaux tous ceux qui sont antérieurs à la Syntaxe nouvelle, sont construits sur le plan de la grammaire latine, ou du moins donnent aux parties du discours, telles qu’elles sont admises chez nous, une attention soutenue ; la plupart vont jusqu’à parler de conjugaisons et de déclinaisons, quelques-uns en donnent des paradigmes. Sans doute, le P. de Prémare a écrit : « mihi videtur ineptum velle linguœ sinicœ adaptare pleraque vocabula quibus utuntur nostri grammatici » ; Stanislas Julien nous avertit qu’il est « obligé, pour se faire mieux comprendre, d’employer des termes qui appartiennent à la syntaxe des langues classiques », ce qui est un « langage de convention ».

Véritablement il est difficile, en parlant de grammaire ou de syntaxe, d’écarter totalement ces concepts qui sont devenus pour nous des formes de la pensée, et, si on les met de côté, on est embarrassé pour choisir des termes intelligibles capables de définir les faits ; les Japonais, qui étudient le chinois depuis bien plus longtemps que nous, ont eu à résoudre le même problème et, pour expliquer la phrase chinoise, ils l’ont coulée dans un moule japonais. Il faut reconnaître que la nature amorphe du mot chinois se prête assez bien à ces manipulations et que, si le traducteur a les connaissances et la précision d’esprit suffisantes ; l’habitude de la langue corrigeant ce que la méthode a de factice, le sens n’en sort pas altéré ; cependant les véritables rapports des mots sont voilés, il faut sans cesse recourir pour l’explication des règles à des sous-entendus, à des raisons d’euphonie, à des inversions ; en étirant la langue sur ce

  1. Grammaire chinoise et espagnole. Fokien, 1682 (Bibl. sin., 757).
  2. Notitia lingue sinica, auctore P. Premare (Bibl. sin., 764-768).
  3. Éléments de la Grammaire chinoise ou Principes généraux du Kou-wen, par M. Abel-Rémusat ; 1822 (Bibl. sin., 762). — Syntaxe nouvelle de la langue chinoise, par M. Stanislas Julien ; 1869, 1870 (Bibl. sin., 772).
  4. Arte China constante de Alphabeto e Grammatica, par J. A. Gonçalves 1829 (Bibl. sin., 763).
  5. 1878 à 1882 (Bibl. sin., 780).