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L’ENSEIGNEMENT DE LA LANGUE CHINOISE

rend compte de l’insuffisance de ses connaissances sur un point donné, il ne sait où les compléter ; il ne saisit qu’un petit nombre d’analogies, d’où un surcroît de difficulté ; telle tournure, éloignée de l’esprit français et qu’un rapprochement bien choisi éclairerait, demeure inexplicable ; tel genre d’expressions justes et délicates reste totalement ignoré et est remplacé par des à peu près. Si l’on ne peut se passer de manuels de conversation, il est non moins nécessaire d’en éclairer l’usage par l’étude méthodique de la grammaire.

Pour la langue écrite, la situation n’est pas très différente. Wade et d’autres[1] ont publié des recueils de pièces officielles ayant pour objet de faire connaître le style usité dans les bureaux administratifs ; l’immense trésor de la littérature chinoise fournit, d’autre part ample matière aux explications de textes proprement littéraires ; l’exercice de la version a donc été, est tous les jours pratiqué. Mais il ne faut pas perdre de vue que, convenable pour l’étude d’un auteur, il est à lui seul insuffisant pour initier à l’ensemble de la langue, parce qu’un texte unique contient un nombre restreint de mots et de tournures, parce qu’une collection de textes, à moins que le choix n’en ait été guidé par un principe grammatical, ne saurait présenter des exemples de tous les faits qu’il est important de connaître : nous verrons, d’ailleurs, que ces idées ont eu, dès longtemps, un cours bien plus général en ce qui concerne la langue littéraire que pour la langue parlée et le style officiel écrit. Quant à l’exercice du thème, rendu spécialement difficile par les particularités de la composition chinoise qui n’admet guère que l’emploi d’expressions toutes faites, de tournures consacrées (expressions et tournures d’ailleurs extrêmement nombreuses), ce n’est que bien récemment qu’il a été inauguré à l’École des Langues orientales vivantes ; jusqu’ici un Européen ayant à écrire en chinois, a dû recourir au lettré indigène, non seulement pour donner le dernier poli à la rédaction, mais encore pour trouver de sa pensée l’expression correcte ou même exacte : cela dit, sans oublier de très remarquables exceptions et parmi les anciens missionnaires, et parmi les étrangers qui ont vécu en Chine depuis quarante ans ou qui y vivent encore.

  1. Wen-chien Tzu-erh Chi. A Series of papers selected as specimens of Documentary Chinese. by Thomas Francis Wade ; 1867 (Bibl. sin., 777). — Hsin-Kuan Wen-chien lu. Text book of Documentary Chinese. by F. Hirth ; 1885 et 1888 (Bibl. sin., 1844). — Documents à l’usage des élèves de l’École des Langues Orientales vivantes, par Maurice Jametel ; 1886 (Bibl. sin., 1846). — Choix de documents, lettres officielles, par S. Couvreur. S. J., 1894 (Bibl. sin., 2185).