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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

Actuellement encore pour bon nombre d’entre eux, nos lettres de naturalisation, comme Université provinciale, sont restées lettres mortes ou n’ont pas été comprises.

L’opinion publique n’est pas encore faite à cette idée qu’Université provinciale signifie pour nous, et doit signifier pour elle, Université lyonnaise, c’est-à-dire institution qui, en dehors des liens généraux qui la rattachent à la grande Université nationale, est et doit rester avant tout une institution locale étroitement liée au développement et à la prospérité de notre ville et apte comme telle à participer à sa fortune et à ses libéralités.

« Dans ce temps de concurrence acharnée entre les industries des diverses nations, disait dernièrement à la séance d’ouverture de l’Université de Lille, M. le Dr Roux, de l’Institut Pasteur, la victoire restera aux plus savants, et on a bien raison de dire que la puissance industrielle d’un pays dépend de son organisation scientifique. »

Industrie et science sont actuellement deux termes inséparables ; on ne le sait pas assez dans notre pays, et c’est pour cela que nous ne sommes pas assez connus, ou que nous ne le sommes qu’imparfaitement, par la plus grande partie de notre population.

C’est en multipliant les concours universitaires, c’est en demandant à nos candidats des connaissances plus complètes, des travaux plus originaux et de plus longue haleine ; c’est en perfectionnant l’instruction de notre personnel enseignant, en développant parmi nous et autour de nous la vie, l’activité scientifique sous toutes ses formes, que nous arriverons à affirmer l’existence de notre Université, à faire comprendre dans le milieu lyonnais ce qu’elle est, ce qu’elle doit être réellement et, à un point de vue plus local et plus pratique, à faire connaître les services qu’elle est appelée à rendre dans le développement et le progrès de notre grande cité industrielle.

Dans la mise en train de ce grand mouvement universitaire, que nous appelons de tous nos vœux, la Faculté de Médecine, par ses attaches plus profondes dans le pays, par ses rapports plus fréquents et plus faciles avec la population, nous paraît devoir jouer un rôle important.

En vous proposant, aujourd’hui, un projet de réforme de l’agrégation en harmonie avec ces idées, votre Commission a conscience de servir tout à la fois les intérêts de notre Université et, plus spécialement, ceux de la Faculté de Médecine. Elle vous demande donc de vous réunir à elle pour recommander ce projet à l’attention de M. le Ministre de l’Instruction publique et vous prie pour cela de vouloir bien, sans trop vous arrêter à des détails d’application qui feront l’objet d’une étude et d’une réglementation ultérieure, voter les deux points fondamentaux développés dans ce rapport :

1o Installation à Lyon des concours d’agrégation de notre Faculté de Médecine ;

2o Rétablissement du stage.

A. Bondet,
Professeur de clinique médicale.