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AGRÉGATION DE MÉDECINE

qu’elle a consentis, et qu’elle s’est imposés pour le développement de l’enseignement supérieur, un certain renom scientifique, il aura droit à toute notre reconnaissance.

Tel est, Messieurs, dans ses grandes lignes, au point de vue des réformes à apporter dans les statuts de l’agrégation, le projet qui a été étudié par votre Commission. Si ce projet, au premier abord, paraît imposer aux futurs agrégés un surcroît de travail, n’oublions pas que cet effort prolongé a surtout pour but de parfaire une instruction technique dont notre Faculté, dans maintes circonstances, a pu constater l’insuffisance.

N’oublions pas non plus ce que cet appoint apportera un jour de facilités au futur professeur pour la préparation, aussi bien que pour l’autorité de son enseignement.

À elles seules-déjà, ces deux raisons, s’il le fallait, seraient une excuse au rétablissement du stage ; il en est d’autres qui donnent à ce rétablissement sa véritable raison d’être et en font ressortir les plus sérieux avantages.

N’est-ce donc rien pour l’agrégé qui, en général, entre jeune encore dans la vie universitaire, que de pouvoir disposer à son gré de ces deux ou trois années d’attente ; rester à Lyon, s’il lui plaît, attaché à certains services, aux maîtres qui les dirigent, voyager s’il le désire, voir ce qui se fait ailleurs, visiter soit en France, soit à l’étranger les autres Universités. y séjourner suivant ses aspirations ou ses besoins, et revenir ensuite avec un bagage scientifique dont il ne sera plus seul à profiter, et que, contrairement à ce qui se passe aujourd’hui, il sera sûr de pouvoir utiliser un jour, soit comme assistant, comme chargé de cours, professeur adjoint ou professeur titulaire ?

À cette certitude d’enseigner, il convient d’ajouter aussi comme compensation à la plus longue durée de l’effort, l’augmentation de la durée des fonctions que notre projet assure à l’agrégation, douze ans au lieu de neuf. Et enfin, comme dernier argument qui nous semble répondre à une des préoccupations de l’agrégation actuelle, n’est-il pas permis de penser qu’au point de vue de l’exportation, grâce au complément d’instruction professionnelle qu’il aura reçue, grâce aussi aux aptitudes professorales dont il aura pu donner la preuve, l’agrégé, loin de voir diminuer ses chances d’arriver un jour dans une autre Faculté, ne pourra que les voir grandir et s’affirmer davantage.

Enfin, Messieurs, et c’est là un point de vue qui n’est pas à dédaigner, n’oublions pas que, si Lyon est une ville laborieuse, elle est avant tout une ville pratique, fortement attachée à ses institutions, justement fière de tout ce qui se rattache à son activité scientifique aussi bien qu’industrielle, plutôt séparatiste et indépendante que centralisatrice, tout particulièrement généreuse quand elle a foi dans ses œuvres et dans les hommes qui les dirigent.

Si jusqu’à présent cette générosité ne s’est traduite vis-à-vis de nous, à part quelques nobles exceptions, que d’une façon malheureusement trop discrète, c’est qu’on ne nous connaît pas assez comme institution lyonnaise. Pour le plus grand nombre de nos concitoyens, nous ne sommes toujours qu’une institution de l’État sans caractère local, et l’on croit volontiers que seul l’État a le droit et le devoir d’assurer notre budget.