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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

ressés, et dans des commissions spéciales. Si nous n’y insistons pas davantage, c’est afin de ne pas compromettre dans son ensemble le projet de décentralisation universitaire que nous vous proposons.

Ce projet, que nous avons si souvent caressé, qu’à tant de reprises différentes nous avons appuyé de nos vœux et de nos votes se présente aujourd’hui sous des auspices tout puissants, et dans des conditions exceptionnelles de réussite.

C’est M. le Directeur de l’Enseignement supérieur lui-même qui est venu à nous, et nous a dit : voulez-vous le concours à Lyon ? nous sommes disposés à vous le donner.

C’est M. le Ministre de l’instruction publique qui nous écrit : Donnez-moi vos idées personnelles sur une réforme complète des statuts de l’agrégation, nous pouvons les appliquer à Lyon, sans être obligés de les étendre aux autres Facultés.

L’instant, comme vous le voyez, est solennel ; c’est sinon l’indépendance absolue qu’on nous offre, la nomination des professeurs, appartenant toujours au Grand Maître de l’Université, mais c’est une indépendance relative, c’est la possibilité de développer l’esprit scientifique de notre jeune Université, de vivre de nos traditions, de notre passé, de notre présent, et surtout, nous pouvons l’assurer, de notre avenir. M. le Directeur de l’Enseignement supérieur. M. le Ministre ont eu confiance en nous, nous pouvons leur répondre, avec l’assurance que donne une juste et saine appréciation de notre force, avec une connaissance approfondie de nos ressources, qu’ils ont eu raison et que leur confiance est bien placée.

C’est par l’extension, et non par la concentration, que l’on voit se développer le véritable essor scientifique ; c’est par l’extension aussi que l’on peut assurer la mise en valeur de toutes les capacités intellectuelles. Vouloir centraliser à outrance les études, les concours, ce n’est point maintenir l’élévation intellectuelle générale, c’est plutôt l’abaisser.

Étouffer comme à plaisir les aspirations, les tendances, le génie spécial à chaque région, n’est-ce pas se priver volontairement de cette sève bienfaisante qui, à un moment donné, viendra peut être, dans des rameaux jeunes et vigoureux, rajeunir le vieux tronc universitaire ?

On parle beaucoup depuis quelque temps de l’affaiblissement de l’enseignement secondaire ; serait ce donc de l’imprévoyance de penser qu’un jour peut-être pareille critique pourra être formulée contre l’enseignement supérieur ?

Demander aujourd’hui à un esprit aussi libéral et aussi éclairé que celui de M. le Ministre de l’instruction publique, de vouloir bien utiliser dès à présent, pour le développement des Universités provinciales, toutes les intelligences, toutes les bonnes volontés, ne serait pas faire acte de prudence et de patriotisme éclairé. Qu’il consente donc à assurer à notre Université, à titre d’essai dans le grand mouvement intellectuel de notre pays, la part légitime à laquelle elle aspire, et, nous pouvons le dire en toute assurance, il aura fait acte de sage prévoyance, et aura bien mérité de la science.

Ajoutons enfin, à un point de vue plus personnel et surtout plus local, qu’en nous permettant d’apporter à notre ville, en échange des sacrifices