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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

C’est devant un jury spécial fourni par les professeurs et les agrégés qu’aura lieu, en séance publique, la soutenance de cette thèse, dont le sujet sera pris dans un certain nombre de questions proposées par la Faculté ou choisi, si on le préfère, par le candidat lui-même. Avec cette liberté laissée pour le choix du sujet, avec le temps donné pour le traiter d’une façon convenable, il n’est pas douteux que, au lieu du travail hâtif sans originalité et presque toujours impersonnel des thèses d’autrefois, nous aurons des travaux sérieux, réfléchis, dont la valeur et le retentissement jetteront un double lustre, et sur leur auteur, et sur la Faculté où ils se seront produits.

Cette thèse une fois passée, l’agrégé stagiaire prendra le titre de professeur agrégé ; comme tel il devra participer à l’enseignement. La durée de cette fonction sera de neuf ou dix années.

Pendant cette période, ou suivant une partie de cette période, il devra être attaché comme assistant à une des chaires magistrales qui relèvent de sa section ;  : une même chaire, au besoin, ainsi que cela se passe en Allemagne, pourra recevoir plusieurs assistants.

Ce rattachement ne pourra se faire qu’après entente préalable de l’agrégé et du professeur ; il aura une durée de trois ans, renouvelable à volonté, au gré des intéressés, le titulaire de la chaire restant toujours maître de la direction de l’enseignement dont il a, seul, la responsabilité.

Avec ce système, la régularité des services et l’instruction complémentaire de ceux qui, à un moment donné, peuvent en être chargés, seront assurées.

C’est pendant cette période de l’agrégation que le professeur agrégé pourra donner la véritable valeur de ses qualités professorales.

À ceux qui s’y seront particulièrement distingués, la Faculté, pour récompenser Îles services rendus ou à rendre, sera toujours maîtresse, à la fin de cette seconde période de l’agrégation, d’assurer, dans le cas où celle n’aurait pas autre chose à leur offrir, un certain nombre de places de chargés de conférences ou de cours, voire même de professeurs adjoints.

Alors aussi ou plus tôt, pour les professeurs agrégés qui ne verraient pas un avenir suffisamment assuré dans notre Faculté, il y aurait lieu de penser à cette fameuse exportation dont on a fait dans ces derniers temps un des principaux arguments contre la décentralisation des concours.

Un professeur agrégé qui, pendant tout ou partie de cette période de neuf ans, aura fait de l’anatomie descriptive avec Testut, de l’anatomie générale et de l’histologie avec Renaut, de la physiologie avec Morat, de la chimie biologique avec Hugounenq, de la parasitologic avec Lortet, de la médecine légale avec Lacassagne, de la médecine expérimentale et comparée avec Arloing, de l’hygiène et de l’anatomie pathologique avec Bard et Tripier, de la clinique dans nos services hospitaliers si richement dotés, sous la direction de maîtres tels que Ollier, Poncet, Lépine, Fochier, Gailleton, Pierret, Teissicer et tant d’autres, il nous faudrait ici les nommer tous, ne sera certainement pas discrédité, et l’on peut assurer à l’avance qu’il ne sera pas moins recherché que celui qui, après un concours à Paris, quelque brillant qu’il ait été, aura employé son temps, ainsi que le veut l’organisation actuelle, à faire passer des examens ou à faire de loin en loin des suppléances toujours incertaines.