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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

parfois plusieurs années de cours, comme l’histoire de la sculpture en Grèce, l’étude des grandes fouilles, Olympie, Pergame, l’histoire de l’art industriel, l’étude des monuments funéraires dans leur rapport avec les croyances antiques. Des projections mettent sous les yeux des auditeurs les monuments figurés qui : sont les documents de la leçon. Quiconque sait comment se fait la science archéologique comprendra quelle est la principale tâche du professeur. Les études d’archéologie et d’histoire de l’art sont soumises à un perpétuel renouvellement. Telle question qui paraissait épuisée ou insoluble, s’éclaire par une découverte imprévue ; des fouilles heureuses modifient du jour au lendemain nos idées sur tel maître grec, sur telle grande école dont on soupçonnait à peine le caractère. On peut comparer ce que nous savions de l’ancien art attique avant les fouilles de l’Acropole, et ce que nous savons aujourd’hui ; on peut évaluer tout ce que les fouilles de Delphes nous ont révélé d’œuvres nouvelles, qui se répartissent sur presque toutes les périodes et réclament leur place dans les séries déjà formées. En même temps l’érudition poursuit son enquête sur tant d’œuvres mal connues que contiennent nos musées, et l’apport scientifique s’accroît sans cesse, sous la forme de travaux souvent très dispersés, épars dans de nombreuses revues françaises ou étrangères. C’est précisément l’objet du cours public d’exposer l’état d’une question, de classer les faits nouveaux dans un ensemble, de dégager du conflit des théories contradictoires les hypothèses les plus plausibles, de faire reparaître, avec les retouches qu’elles comportent, les grandes lignes d’un sujet. Ces leçons sont pour ainsi dire des leçons de mise au point, où le professeur refait, d’après les documents, le travail de synthèse qui est proprement la science, et expose sa propre doctrine.

II. Quelle que soit l’utilité pédagogique des cours publics, on comprend fort bien qu’ils ne sauraient répondre à tous les besoins de l’enseignement. Les Universités ont pour fonction de répandre la science ; elles doivent aussi former des savants ; or l’enseignement donné du haut de la chaire n’est ni assez intime, ni assez technique pour initier complètement les étudiants à la pratique de l’archéologie. Le futur archéologue doit être familiarisé avec le maniement des livres qui sont les instruments de travail ; il doit savoir s’orienter dans une bibliographie chaque jour plus abondante ; il doit s’exercer à l’analyse des monuments, à la critique de théories souvent aventureuses, affermir son jugement, développer son goût personnel ; enfin il doit apprendre à observer et à regarder. Ces connaissances, ces habitudes d’esprit, il ne peut guère les acquérir