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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

là l’intérêt de la nation pour ce qui touche à l’éducation de ses enfants, c’est-à-dire à l’une des plus importantes redoutes de la défense nationale, et l’intérêt des localités pour les écoles locales, où se nourrit et se fortifie l’attachement au pays natal qui est l’une des forces du patriotisme suisse. Nous espérons enfin que nous réussirons à éviter, par une large tolérance, les difficultés religieuses de toutes sortes, et que nous saurons maintenir, dans nos écoles secondaires, ces traditions qui ont formé l’esprit national, qui lui ont donné le goût de l’entreprise, l’habitude de l’initiative, la foi en l’association, le respect de la discipline. Et ce que l’organisation nouvelle ne pourrait guère manquer d’assurer, c’est une élévation générale du niveau intellectuel de la nation, qui la rendrait capable de se mesurer avec les difficultés croissantes de la vie commerciale, sociale, politique et internationale. Ce n’est pas assez que d’éduquer le caractère, car le caractère seul est insuffisant. Le besoin devient de plus en plus grand chaque jour d’une intelligence développée capable de le diriger. Une bonne éducation secondaire doit par suite être mise à la portée de tous ceux qui sont aptes à en profiter. C’est l’honneur et la force de l’Allemagne actuelle de l’avoir compris la première.

Et l’on est amené une fois de plus à conclure que sur ce point comme sur beaucoup d’autres, le problème à résoudre, en Angleterre, est inverse de celui qui occupe en France, à l’heure actuelle, une bonne part du monde des éducateurs, des penseurs et des hommes politiques. À en juger notamment par les écrits de M. Demolins, le problème français — et même continental — est l’éducation du caractère. Le problème anglais est l’éducation de l’intelligence[1].

Une Société des Amis de l’Université à Cambridge.

Sur l’invitation du duc de Devonshire, chancelier de l’Université de Cambridge et Lord président du Conseil privé de la couronne, une réunion a eu lieu le 31 janvier dernier à Cambridge, à l’effet de fournir à l’Université des moyens financiers nouveaux pour développer certains de ses enseignements. Le duc de Devonshire, après avoir expliqué que les anciennes fondations étaient devenues tout à fait insuffisantes pour assurer à l’Université la place qui devait lui revenir dans les travaux modernes de recherche scientifique, et après avoir montré que les subventions du Parlement ne sauraient suppléer à cette insuffisance, proposa de constituer une association libre et privée qui, sous le non de Cambridge University Association ; se donnerait pour tâche de provoquer des générosités en faveur de l’Université de Cambridge. À son avis, et d’après une évaluation approximative, une douzaine de millions seraient nécessaires pour égaler Cambridge à certaines Universités allemandes, quant à la place donnée à la recherche scientifique et à certains enseignements nouveaux. Lui-même, en qualité de promoteur du projet, s’inscrivait pour 250.000 fr. en tête de la liste de souscription. Lord Rothschild, qui était présent, déclara également qu’il mettait 250.000 fr. à la disposition de l’association. Un comité à été immédiatement constitué pour élaborer les statuts de la société nouvelle et pour poursuivre le projet du duc de Devonshire.

  1. Nous tiendrons les lecteurs de la Revue au courant des progrès faits en Angleterre par la question que M. Brereton a exposée si clairement et si largement, dans les quelques pages qui précèdent (N. de la Réd.).