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ÉTUDIANTS EN DROIT ET FACULTÉS DES LETTRES

CHRONIQUE DE L’ENSEIGNEMENT

ANGLETERRE

Les réformes prochaines dans l’enseignement secondaire[1]. — Il est assez difficile, en général, pour un étranger de concevoir avec exactitude le sens d’une agitation réformatrice dont le théâtre est un autre pays que le sien. Cela est plus difficile encore quand on se propose de suivre la vie des institutions anglaises, ces institutions étant plutôt le résultat d’un long développement historique que celui de telle ou telle disposition légale. Les systèmes d’éducation anglais ne sont pas une exception à cette règle. Leur ensemble est si confus, ils s’enchevêtrent tant et si bien les uns dans les autres qu’il y a bien peu d’Anglais, mème cultivés, qui puissent se flatter de posséder une vue complète et précise de leur ensemble. Et la meilleure disposition d’esprit pour un Français qui se propose d’explorer cette brousse à peu près inextricable, est d’oublier pour un instant le joli jardin bien dessiné, aux larges avenues et à l’ordonnance méthodique, auquel on peut comparer, par opposition, l’ensemble des institutions d’enseignement en France.

Mais avant d’essayer de pénétrer dans cette région quelque peu sauvage il serait peut ètre prudent et utile de délimiter et de définir, dans la mesure du possible tout au moins, les frontières approximatives de celle de ses provinces que nous voulons explorer : l’enseignement secondaire. Où s’arrête-t-il ? D’où part-il ? — Nous pouvons lui assigner, comme limite extrême, terminus a quo, les Universités, d’une part, et aussi ces établissements mixtes généralement désignés sous le nom d’University colleges, bien que, mème ici, la ligne de démarcation soit assez indécise, ces collèges donnent plutôt une éducation secondaire supérieure qu’une véritable éducation d’Université, Quoi qu’il en soit, cette première distinction entre l’enseignement secondaire anglais et ce qui est au-dessus de lui, est à peu près suffisante, mais où la tâche devient beaucoup plus malaise, c’est quand il s’agit de le distinguer de ce qui est à côté de lui ou au-dessous de lui (terminus ad quem). Comment établir des classifications rigoureuses entre les institutions d’ordre primaire, primaire supérieur, professionnel ct secondaire, dans un pays où l’enseignement est par essence chose d’initiative privée, où il n’y a pas de programmes officiels, pas d’examens d’état, et où il est loisible à chaque chef d’institution et mème à chaque élève de créer un type d’éducation spécial, répondant à un be-

  1. L’auteur de cet article, M. Cloudesley Brereton, qui n’est pas un inconnu pour les lecteurs de la Revue, est, dans la grands presse anglaise, l’un des champions les plus résolus du mouvement de réformes dont il esquisse ici les grandes lignes. Il s’est efforcé aujourd’hui, en écrivant pour le public français, d’être aussi court et aussi simple que possible. Il a, d’ailleurs, traité le même sujet avec plus d’étendue et de profondeur ans le numéro du 1er novembre 198 de la Fortnightly Review, où il s’est attaché particulièrement à discuter les deux bills introduits récemment à la Chambre des Lords, par le duc de Devonshire, lord président du Conseil Privé, sur la réforme de l’Enseignement secondaire. Ces deux bills seront probablement, avec la question de l’Université de Londres et celle de l’Université catholique d’Irlande, parmi les principaux objets de l’activité du Parlement anglais durant la prochaine session. (N. du Tr.).