Page:Société de l’enseignement supérieur - Revue internationale de l’enseignement, volume 37, juin 1899.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ÉTUDIANTS EN DROIT ET FACULTÉS DES LETTRES

les jours ; et ces exercices ne seront pas des cours, mais de véritables classes, avec leçons à apprendre et à réciter, devoirs à faire et à corriger. N’y a-t-il pas dommage public à absorber dans une tâche aussi peu relevée les maîtres de notre enseignement supérieur ?

Il est vrai que les professeurs de Facultés des lettres n’ont pas, sans doute, l’intention de donner eux-mêmes l’enseignement préparatoire dont ils offrent de se charger ; ils se proposent de le faire donner, sous leur direction, par des maîtres spéciaux, probablement empruntés au personnel du lycée existant au siège de l’Université. Mais, si l’on procède ainsi, ce qui paraît à la fois probable et inévitable, quel avantage y a-t-il à installer dans les Facultés des lettres le nouvel enseignement ? Si les études secondaires, faites sous une discipline étroite, qui du moins devrait et pourrait l’être, ont donné des résultats si médiocres, il est peu probable que ces mèmes études donnent tout-à-coup de merveilleux résultats par la seule vertu du cadre où on les aura placées. La vice d’étudiant expose à des entraînements peu favorables au travail ; les professeurs de droit ne le savent que trop. S’il s’agit de prolonger d’une année la scolarité secondaire des futurs étudiants en droit, mieux vaudrait leur faire passer cette année comme élèves dans un lycée que comme étudiants dans une Université.

IV

En réponse aux objections qui précèdent, on ne manquera pas d’invoquer un argument d’analogie. Depuis le décret du 31 juillet 1893, dit la Note déjà citée, les futurs étudiants en médecine sont assujettis à une année d’études préparatoires dans les Facultés de sciences, année pendant laquelle ils se consacrent aux sciences physiques, chimiques et naturelles ; or le P. C. N., puisqu’il faut l’appeler par son nom, a été institué pour compléter l’éducation scientifique des lycéens avant leur entrée dans les Facultés de médecine ; les résultats obtenus sont unanimement appréciés de la manière la plus favorable, et tout permet d’espérer des résultats aussi satisfaisants de ce qu’on appelle déjà le P. C. N. littéraire ou le P. H. L. (philosophie, histoire, littérature).

Cet argument d’analogie a joué un grand rôle dans l’élaboration du projet qui vous est soumis. Les Facultés des lettres, cherchant à s’assurer une clientèle d’élèves, ont vu les Facultés des sciences s’emparer pendant un an des futurs étudiants en médecine ; l’idée de recourir à un procédé analogue était trop séduisante et trop simple pour ne pas rencontrer de nombreux partisans.

Or il importe d’observer que cette analogie est purement apparente. Entre le P.C.N. et le P. H. L., il y a des différences importantes ; l’indication de ces différences fera comprendre tout à la fois pourquoi le P. C. N. a très bien réussi, pourquoi le P. H. L. réussirait sans doute beaucoup moins bien.

Le bachelier qui se destine à la médecine est étudiant en sciences pendant un an. Mais cette année n’est pas employée à une révision hâtive et forcément vaine des études scientifiques faites au lycée ; les éléments des sciences sont supposés connus. Ce qui manque aux futurs étudiants en médecine, ce qu’ils acquièrent à la Faculté des sciences, c’est, en quelque sorte, la pratique des sciences, pratique avec laquelle ils doivent être fa-