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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

de l’établissement du programme même, d’autant qu’elle est impliquée dans la nature intime de l’être humain et dans les lois secrètes de son développement.

C’est la question de la méthode et de l’emploi de la méthode, faute de quoi tout avorte.

Son importance prépondérante, dont on ne paraît pas se douter, ne peut être pourtant méconnue, dès qu’on y donne quelque attention. Le caractère stérile et vague des querelles pédagogiques qui ne touchent pas ce point donne à penser qu’il est le point vital et l’examen le confirme.

Ainsi, on s’est beaucoup plaint depuis plusieurs années que les programmes étaient « trop chargés », on a répété que c’était à cause de cela que les élèves arrivaient à la fin de leurs études avec une préparation manifestement insuffisante sur tous les points, en sorte qu’on formulait cette contradiction qui n’a rien d’absurde, qu’à cause de la surcharge des programmes les élèves s’en allaient avec un bagage vraiment trop léger.

Les programmes sont-ils trop chargés ? Je ne veux pas le rechercher. Mais le papier porte tout ce qu’on veut, la charge ne lui pèse guère et il ne sen soucie pas. La question est de savoir si les élèves sont surchargés, car c’est bien d’eux qu’il s’agit et c’est eux qui peuvent l’être. Or, c’est en grande partie une affaire de méthode et c’est le côté ardu de la question qu’on n’a pas pris assez la peine d’examiner.

Dire sommairement d’un programme qu’il est trop chargé, c’est dire en bloc qu’un poids est trop lourd pour être mû d’un lieu dans un autre, sans considérer s’il est divisible, ni de quels moyens et de quelles routes on dispose pour le transporter : car si on ne rencontre que montées et fondrières, il faudra, je suppose, une force de cinquante chevaux, et si on peut mettre le poids sur des rails, il n’en faudra plus que dix et enfin si on peut le placer sur l’eau, on pourra le faire traîner même par un âne ! Mais de savoir comment on peut diviser le programme au cours d’une année, quelles sources d’énergie il faudra faire jaillir de l’âme de l’enfant pour soulever peut-être bien aisément le fardeau, c’est ce qui ressortit à la méthode et c’est ce qui est infiniment plus difficile à discuter et aussi à faire que de développer le thème de la surcharge des programmes.

Envisageons le problème du côté de son point d’application, dans l’élève : c’est la question du « surmenage ». Or, c’est une question de méthode, car si vos méthodes d’éducation sont telles que je puisse à mon aise demeurer un cancre dans la classe, je continuerai de