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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

POUR LA PÉDAGOGIE

Bien que j’aie quitté « la partie », je ne m’en désintéresse pas.

Je suis merveilleusement surpris que dans la crise pédagogique qui est ouverte, il y ait une science dont il n’est pas question, la pédagogie.

Je lis avec intérêt et souvent avec admiration les morceaux de philosophie pédagogique ou plutôt sociale où les uns prennent avec tant d’éloquence, avec une psychologie si profonde ou si délicate la défense de l’éducation classique, où les autres l’attaquent avec tant de verve et préconisent avec des arguments troublants un système nouveau et tout différent.

Vais-je aller me ranger dans l’une ou l’autre des deux troupes qui combattent ?

Nullement. Peut-être que je ne me sens pas en désaccord avec l’une ni l’autre, et certainement il y a un point capital où je ne vois pas que Je sois en communion avec aucune des deux.

Tout le monde paraît persuadé qu’il suffira de maintenir l’état de choses présent ou de le changer par arrêté ou par décret, de refouler bien loin l’assaut montant des modernes ou de submerger les défenses des classiques par des mesures administratives : personne n’a l’air de se demander si, dans le cas où l’enseignement classique, qui à si visiblement fléchi, serait tant bien que mal soutenu, la seule manière d’en accroître la force et le rayonnement ne serait pas de l’armer, je ne dis pas de méthodes énergiques et vivantes, mais peu à peu de maîtres qui eussent la science de ces méthodes, qui en eussent la vertu comme passée dans les moelles ; et dans le cas où on adopterait un système nouveau, personne n’a l’air de s’inquiéter de savoir comment on le ferait appliquer par un personnel qui n’aura subi dans cette vue aucune préparation et à qui l’esprit de l’institution sera étranger.

Il me semble qu’il y a là une illusion, je le dirai franchement, bien étonnante.

On s’imagine que quelques bonnes circulaires feront l’affaire. Est-on si profondément prévenu en France de l’efficacité des circulaires ministérielles que l’idée ne vienne pas qu’elles peuvent demeurer des chartes mort-nées, si, au bout du compte, il n’y a pas des