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L’ENSEIGNEMENT DES SCIENCES APPLIQUÉES

grammes. Moins il y aura de décrets et d’arrêtés, plus il sera laissé à l’initiative des professeurs et à la liberté des Universités, mieux les cours se développeront sous tous les rapports.

2o  Puisque l’enseignement des Facultés des sciences se compose de spécialités indépendantes, il convient à plusieurs catégories d’élèves.

Il peut attirer ceux qui possèdent déjà une instruction très avancée. Ainsi, des ingénieurs sortis de l’École centrale ou de l’École industrielle de Lille peuvent désirer aller passer une année dans un Institut où l’on s’occupe spécialement d’électricité. Si un de ces ingénieurs se destine à la brasserie, il ira suivre les cours de brasserie de l’Université de Nancy. Un élève diplômé de l’Institut agronomique aura peut-être intérêt à prendre l’enseignement agricole d’une Université régionale, quand il existe des cours de science agricole spéciaux à la région où il va s’établir.

Une autre catégorie d’élèves probables pour les Universités sont ceux qui ont échoué à l’entrée dans les grandes Écoles. Si l’École polytechnique, l’École normale, l’École centrale, l’École des mines, etc., écrèment la jeunesse scientifique française, les Universités peuvent avoir le reste : ce reste est loin d’être un rebut. On y trouve beaucoup de jeunes gens intelligents, travailleurs, d’autant plus travailleurs qu’ils doivent s’ouvrir une carrière à force de volonté, au milieu de rivaux jouissant plus qu’eux de la faveur publique.

Enfin, les cours spéciaux de science appliquée n’exigeant qu’un petit nombre de connaissances générales sont, par suite, à la portée de beaucoup d’élèves dont les études préliminaires ont été incomplètes. Il n’est pas nécessaire d’avoir fait des mathématiques spéciales, même d’être bachelier pour pouvoir suivre avec fruit un cours de chimie industrielle. On n’en peut dire autant de tous les enseignements appliqués. Il est bien évident qu’il faut connaître jusqu’à un certain degré les mathématiques pour s’occuper soit de la mécanique appliquée, soit de la physique industrielle. Mais dans ce cas encore, des études régulières et complètes ne sont pas absolument nécessaires.Il suffit de savoir comprendre et appliquer quelques théories générales.

On doit se garder d’une préoccupation trop commune, surtout au personnel enseignant, de croire qu’il faut connaître complètement une science pour s’en servir. Il y a dans toute science la partie réservée, propre au savant : les raisonnements et les démonstrations et la partie en quelque sorte livrée au public : les résultats. Toutes deux sont absolument nécessaires à quiconque veut posséder la science en question ; mais pour ceux qui étudient une science voi-